Wednesday, February 18, 2009

Fini le protectionnisme américain, vraiment? | No more American protectionism, really?

Plusieurs commentateurs ont célébré le prétendu recul du Congrès américain sur les mesures protectionnistes prévues par le plan de soutient à l'économie américaine. En cours de processus, on a effectivement ajouté un alinéa à la clause "Buy American" stipulant que l'application de la clause devait respecter les engagements des États-Unis en matière de commerce internationale. So far, so good: les commentateurs ont commencé à se réjouir!
Voici pourtant deux éléments qui, à mon grand étonnement!, sont passés complètement inaperçu chez l'écrasante majorité des commentateurs "économiques":
(1) Alors qu'au départ, seules les industries du fer et de l'acier étaient couvertes par la clause "Buy American", maintenant toute l'industrie manufacturière est couverte! Tout en ajoutant un alinéa interdisant le protectionnisme, le Congrès a donc étendu la politique d'achat local à une part importante de l'économie américaine!
(2) Le gouvernement fédéral américain n'a pas d'emprise sur les dépenses des États et des municipalités. La clause "Buy American" lance donc l'idée de politiques protectionnistes, sans imposer le respect des engagements internationaux à tous les paliers de gouvernement. Bref, les États et les villes américaines pourront privilégier les fournisseurs américains au détriment des entreprises canadiennes.
Pour vous "rassurer", vous pouvez aller consulter le texte complet de la législation. La clause "Buy American" se trouve dans le premier document pdf...

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Several commentators celebrated the so-called retreat of the American Congress on the protectionist measures included in the US recovery plan. During the adoption process, a subparagraph was added to the " Buy American" clause stipulating that it has to respect international trade engagements of the United States . So far, so good: the commentators were delighted!

However here are two elements which, with my great astonishment! , were ignored by most of the "economic" commentators:

(1) At the beginning, only iron and steel industries were covered by the " Buy American" clause. Now, all the manufacturing industry is covered! While adding a subparagraph prohibiting protectionism, the Congress thus extended the policy of local purchase to a major part of the US economy!

(2) In the US, federal government have no power over municipal and State expenditures. The " Buy American" clause thus launch the idea of protectionist policies, without imposing the respect of international engagements to all levels of government. In short, the States and the American cities will be able to privilege the American suppliers with the detriment of the Canadian companies.

You can go to consult the complete text of the legislation. The clause " Buy American" is in first document pdf…

Monday, February 16, 2009

Non, nous ne sommes pas des perdants! | No, we're not loosers!


La joute sémantique qui tourne autour de la reconstitution de la bataille des pleines d'Abraham, qui a eu lieu il y a 250 ans cette année, a quelque chose de suréaliste. Mes amis souverainistes soutiennent qu'on ne peut célébrer/commémorer/fêter (choisissez le mot que vous préférez!) une défaite. Ils en rajoutent en prétendant que d'organiser une reconstitution de la bataille constitue une humiliation de la nation perdante: nous, les Québécois. Il n'y a rien de plus faux!

D'abord, il s'agit d'un raccourci idéologique de prétendre que, parce que les français ont perdus en 1759, cette défaite rejaillit encore aujourd'hui sur l'ensemble des Québécois. N'en déplaise aux Falardeau, Poulin et autres "ndépendantistes adolescents" de ce monde, leur point de vue est réducteur. Dans ce débat sémantique, ce sont eux qui font preuve de colonialisme en essayant encore de s'assimiler à la "mère-patrie". Pour ma part, je préfère m'assumer pleinement en tant que Québécois: francophone vivant en Amérique, citoyen canadien... et surtout pas un perdant!

Cette façon de présenter les choses qu'ont les purzédurs fait ombre à un pan complet de notre histoire. Tout compte fait, si les Français d'hier ont perdu la Bataille des Plaine, cela a eu des impacts positifs pour les Québécois d'aujourd'hui. Trop occupés à glorifier la "mère-patrie", plusieurs indépendantistes radicaux oublient que la Nouvelle-France était une colonie-comptoir: la couronne française la spoliait de ses ressources. Elle n'avait pas de plan pour la développer et assurer sa survie. L'arrivée du régime britannique, bien qu'il représente une cassure, a permis d'installer un régime de droit civil, de développer le commerce et l'utilisation des ressources du pays. Bref, de développer le Québec...

Bien sûr, la transition n'a pas été facile: il y a eu des ratées et des coups durs pour les francophones d'Amérique du Nord. Il ne faut évidemment pas oublier cet aspect de notre passé... mais il ne faut pas non plus s'aveugler et ignorer l'ampleur du chemin parcouru depuis. Le Québec d'aujourd'hui tire ses racines autant, sinon plus, de la prospérité amenée par le régime britannique que par la colonisation française.


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The semantic debate surrounding the reconstitution of the battle of Quebec, which took place 250 years ago this year, has something surealist. My independentist friends plead that one cannot celebrate/commemorate a defeat. They claim that organizing a reconstitution of the battle constitutes a humiliation of the losing nation: us, Quebecois. Nothing can be more wrong!

It is an ideological short cut to claim that, because the French lost in 1759, this defeat still flashes back today on Quebecois. It might be unpleasant to all the Falardeau, Poulin and others "teen-independentists" of this world, but their point of view is reducing. In this semantic debate, it is them who show colonialism by still trying to get bounded to the "mère-patrie". For my part, I prefer to assume fully my identity as a Quebecois: French-speaking person living in America, Canadian citizen… all sort of things but a looser!
The way the purzédurs present the events shade a complete side of our history. In the final analysis, if the French of yesterday lost the Battle of Quebec, that had positive impacts for today's Quebecois. Too occupied with glorifying the "mère-patrie", many radical independentists forget that the Nouvelle-France was a colony-counter: the French crown spoiled it from its resources. It did not have a plan to develop it and ensure its survival. The arrival of the British regime, even though it was a break with the past, allowed to install a regime of civil law, to develop trade and to use the resources of the country. In short, to develop Quebec…

Of course, the transition was not easy: there were difficulties and tough times for French-speaking people in North America. Obviously, we have to keep this in mind… but we need not to be ignorant of what happened since then. Today's Quebec takes its roots as much, if not more, from the prosperity brought by the British regime than from French colonization.
(source de l'image: http://www.smhq.org/)

Wednesday, February 11, 2009

7 cents pour faire lire les jeunes | 7 cents to make young people read


Grand scandale cette semaine: le Ministère de l'Éducation a versé 250 000 $ au Club le Canadien de Montréal pour la réalisation de matériel pédagogique célébrant les 100 ans de l'équipe. Le scandale: le gouvernement a contribué à payer une campagne de promotion... "C'est indécent!", "Du pur pétage de bretelle.", "Qu'on leur fasse lire des romans.": l'indignation fuse de toutes parts.
Nuance importante: le matériel n'était pas distribué directement au enfants. Les enseignants avaient le choix de l'utiliser ou non. Un adulte responsable avait donc la possibilité de juger de la pertinence du matériel.
Pour remettre les choses en perspectives, 250 000 $ pour l'État québécois équivaut à 15 cents pour un ménage qui gagne 40 000 $ par année! Autre façon de voir les choses: si chaque contribuable imposable (donc qui paie des impôts) avait eu à verser de sa poche ce montant, il lui en aurait coûté 7 cents... Parle-t-on d'une tempête dans un verre d'eau ici? Poser la question, c'est y répondre! Certaines subventions beaucoup plus importantes sont aussi beaucoup plus douteuses sans qu'on en fasse un cas de conscience.
Le fait est que ces fascicules, même s'ils font la promotion d'une organisation privée, incitent les jeunes à lire, écrire et compter. Donc, à s'intéresser aux matières scolaires. Chez les jeunes garçons, cet impact n'est pas négligeable. Surtout quand on a appris, cette semaine, que plus d'un tiers des garçons quittaient l'école secondaire sans diplôme. Est-ce que leur faire lire des romans atteindrait le même objectif? Pas certain: il faut bien commencer quelque part.
Alors, suis-je prêt à dépenser 7 cents pour inciter les jeunes à apprendre à lire, écrire et compter sous la supervision d'un adulte responsable. Certainement! Je suis même prêt à en dépenser 15. Qui dit mieux?

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Breaking News! The Department of Education contributed $ 250 000 to the Montreal Canadiens for the production of school material. The problem? The money was used to design a so-called promotion campaing. "Indecency!" "Show off." "Make them read novels." were the reactions.
Important detail: the material was not distributed directly to the students. Teachers were free to use it or not. A responsible adult had the authority to judge of its usefulness.
To put things in perspectives, $ 250 000 for Quebec government is equivalent to 15 cents for a household earning $ 40 000 a year! Another to see it is the following: if every net taxpayer had to finance this program for its own pocket, it would've cost 7 cents. Is this a scandal? Asking the questions is giving the answer... Some subsidies cost much more and are useless without making the front page of any newspaper.
The fact is, however the papers are promoting a private organization, they incite young people to learn how to read, write and calculate. For young males, the impact of such a program might not be negligeable. No later than this week, data showed that more than a third of young male were leaving high school without any diploma. Is reading novels will have the same effect? I doubt of it: we have to start from a realistic point.
So, am I willing to pay 7 cents to incite young people to read, write and calculte under the supervision of a responsible adult? Sure! I am even willing to pay 15 cents! Who gives more?
(photo: wikipedia)

Tuesday, February 03, 2009

Le tabou Hydro-Québec | Hydro Quebec big "no no"


L'Institut économique de Montréal s'apprête à relancer la polémique sur la privatisation d'Hydro-Québec ce midi à l'occasion d'un lunch-conférence intitulé: "La privatisation d’Hydro-Québec: une source d'enrichissement pour les citoyens du Québec". Déjà, Denis Lessard faisait état de certaines des trouvailles du think tank dans les pages de La Presse, hier.

Je n'ai pas encore lu le rapport de l'Institut, mais la couverture de presse qui en ressort depuis hier me fait craindre le pire: on a met le paquet sur la privatisation de la société d'État, alors que le principal problème d'Hydro-Québec est sa structure de monopole. Il s'agit également du problème le plus difficile à résoudre.

Effectivement, Hydro-Québec distribution est la seule entité ayant la possibilité de vendre de l'électricité sur le territoire québécois. Or, si on privatise la société d'État sans permettre à d'autres fournisseurs de la compétitionner ne sert à rien: public ou privé, un monopole demeure un monopole. Et c'est là que le bât blesse...

Comme l'expliquait sur les ondes de RDI Jean-Thomas Bernard, de l'Université Laval, il sera bien difficile d'attiser la concurrence dans le domaine de l'électricité au Québec et, ainsi, briser le monopole d'Hydro-Québec. Deux solutions sont possibles: (1) la compétition extérieure ou (2) la compétition intérieure.

Selon Bernard, les lignes de transport actuelles ne sont pas suffisantes pour permettre à des concurrents étrangers de compétitionner suffisamment Hydro-Québec pour réduire son pouvoir de marché. Quant à la compétition interne, les deux grands sites de production électrique du Québec, la Baie James et le complexe Manicouagan-Outarde, sont propriétés de la société d'État.

En somme, c'est bien beau jaser de privatiser Hydro-Québec, mais cela ne sera possible que si on trouve une façon de remédier au vrai problème de la société d'État: sa structure de monopole.

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The Montreal Economic Institute will bring back today the big debate about Hydro-Quebec privatization in a lunch conference titled: "The Privatization of Hydro-Québec: a source of wealth for Quebec’s population". Yesterday, Denis Lessard wrote a paper about the research in La Presse (in French).

From what I have seen from the press coverage since yesterday, I am a bit afraid we will put too much emphasis on privatizing the Crown corporation when its real problem is its monopolistic structure. It is also the most difficult problem to solve.

In fact, Hydro-Quebec distribution is the only entity able to sell electricity on Quebec's territory. If we try selling Hydro-Quebec without allowing more competition before, we solve nothing: public or private, a monopoly remains a monopoly.

As prof. Jean-Thomas Bernard, from Université Laval, said on RDI there are two ways to increase competition on the electricity market in Quebec: (1) allowing foreign competitors to sell their electricty in Quebec or (2) allowing more producers inside Quebec borders.

According to Bernard, the electricity transport infrastructures between Quebec and its neighbours are too small to allow effective competition from foreign producers. As for the internal competition, the two main electricity complexes in Quebec (Baie James and Manicouagan-Outarde) are detained by Hydro-Quebec.

Bottom line: it is good thinking about the privatization of Hydro-Quebec, but it remains small talks as long as we do not solve the real problem: its monopolistic structure.
(photo: Les Affaires TV)