Sunday, May 04, 2008

2,12 $ par année | $ 2,12 per year

Je profite de la chronique d'Alain Dubuc de ce matin dans La Presse pour revenir sur les données du recensement publiées cette semaine. Selon la nouvelle analyse de Statistique Canada, le salaire des ménages canadiens n'a augmenté que de 53 $ en termes réels en 25 ans, soit 2,12 $ en moyenne par année. Ces statistiques sont alarmantes parce qu'elles traduisent une réalité que nous préférons ne pas voir. Il faut toutefois apporter également quelques bémols.
C'est vrai, depuis 25 ans les salaires ont stagné. Lorsqu'on regarde les revenus totaux, le constat est légèrement différent toutefois. Les gains totaux incluent les revenus d'emploi (salaires), mais également les revenus de transferts publics (programmes sociaux) et privés (revenus de pension privés) et les revenus de placement. Or, les revenu totaux ont augmenté beaucoup plus rapidement que les gains salariaux. Pour l'ensemble des familles économiques, ils ont crû 6 fois plus rapidement. Pour certains segments de la population, notamment les familles monoparentales menées par une femme, les gains ont dépassé 25 %.
Ces données nous disent essentiellement deux choses. D'abord, il y a une transformation dans les sources de revenus. Par exemple, les baby boomers qui partent graduellement à la retraite ne peuvent compter sur des revenus du travail importants, même quand ils continuent de travailler à leur compte ou à temps partiel. Ils retirent toutefois une part plus importante de leurs revenus des régimes de retraite privés et de leurs REER. Ces sources de revenus sont comptées dans les revenus totaux, mais pas dans les revenus salariaux. La deuxième chose que nous apprennent les données sur les revenus totaux, c'est qu'une redistribution s'opère via les programmes sociaux. Si les ménages les plus riches sont 13 fois plus riches que les ménages les plus pauvres AVANT IMPÔTS, ils ne sont plus que 7 fois plus riches APRÈS IMPÔTS.
Pour ce qui est des gains salariaux, je suis donc parfaitement d'accord avec Alain Dubuc: la redistribution via la fiscalité et les programmes sociaux n'a que peu d'amélioration à apporter à long terme (même si elle peut amoindrir le choc à court terme). Il faut plutôt encourager l'investissement pour augmenter la productivité et permettre aux ménages touchés par les mises à pied de se réorienter en favorisant l'éducation continue. Bref, mieux vaut apprendre à pêcher que de distribuer du poisson!
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I took the opportunity from today's column from Alain Dubuc in La Presse (in French) to come back on the census data released last week. According to the new analysis from Statistic Canada, the earning of Canadian economic families grew by only $ 53 in real terms in 25 years, representing an average increase of $ 2,12 per year. This is a clear warning to those who want to believe that it's business as usual. But people must bear in mind some facts before getting too alarmed.
It's true, earnings didn't grew much in the last 25 years. However, we have to look to the families' total income to gather a bit more information. Total income not only include work earnings, but also public (social programs) and private (pension plans) transferts as well as savings income. It is important to note that total income grew much faster than earning for the same period: 6 times faster for all economic families. For some segments of the populations, notably monoparental families lead by a woman, the increase in total income reach 25 % in 25 years.
These data tells us two stories. First, there is a deep transformation in the sources of income. For example, baby boomers retiring gradually do not earn much from their work, even when they work part time or on their own. However, they have important imcomes from their private pension plans and RRSPs. That revenu isn't accounted in earnings but it is in total income. It also tells us that there is redistribution at work in Canada. If the high income families are 13 times richer than poorer families BEFORE TAX they are only 7 times richer AFTER TAX.
For earnings, I must then agree with Alain Dubuc's opinion. Fiscal redistribution and social programs cannot do a lot in the long term (even though it can help to diminish the adverse impact of sackings in the short term). We have to rely more on investments to increase productivity and on reorientation schemes that could be implemented by favouring continued education. In short, we are better to learn people how to go fishing than give them the fishes!

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