Les fédérations étudiantes ont demandé aujourd'hui un moratoire sur le dégel des droits de scolarité. Ils veulent en outre des États généraux sur l'éducation. Ce qu'il y a de neuf dans ces demandes? Rien, justement.
Attendez un peu que j'y pense... un moratoire sur le dégel, n'est-ce pas un euphémisme pour parler de gel? Ah! tiens donc! Et on nous refait même le grand coup de 2007, avec la caravanne, le question et tout et tout...
Le plus décevant dans cette revendication, c'est qu'elle trahi le manque flagrant de réflexion des mouvements étudiants sur le devenir de l'éducation supérieure. Des États généraux sur la situation des études postsecondaires? Allons donc! Demander de nouveau un large débat public sur l’accessibilité aux études relève purement et simplement de la mauvaise foi. Cette question a été débattue en long et en large au cours des dernières années. La Commission de l’Éducation de l’Assemblée nationale a même tenu une vaste consultation sur la qualité, l’accessibilité et le financement des études universitaires en 2004. Plus de 90 mémoires ont été déposés à cette occasion et 87 organismes, dont les associations étudiantes et les syndicats, ont été entendus par les parlementaires.
Dans la même veine, la FEUQ a produit l'an dernier (en octobre 2007!) un volumineux rapport devant mener à préciser sa vision. Résultat final, un an plus tard? On réclame un gel (oh, pardon! un moratoire!) des droits de scolarité. Honteux!
La vérité, c'est que depuis 1968 les droits de scolarité des étudiants n'ont été augmentés que pendant deux périodes: au début des années 1990 et aujourd'hui. Qui plus est, les fédérations étudiantes réclament le retour au financement fédéral de 1994-1995, alors que leurs membres ne paieront toujours pas en 2012 l'équivalent de ce qu'ils payaient en 1994-1995 si on tient compte de l'inflation. Pour de plus amples détails sur la situation des droits de scolarité au Québec et une proposition de compromis de dégel, voir un papier que j'ai publié récemment.
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Quebec student unions published today their demands for Quebec provincial elections 2008. Their solutions to the lack of funding for universities? A return to the tuition fees freeze and a large debate on the future of postsecondary education! As if we hadn't done it yet!
A year ago, they published an important report to explain their vision of Quebec postsecondary education. Where did it bring us? Back in 1994-1995: tuition fees freeze, increase of the federal funding, etc.
The reality is that since 1968, tuition fees were increased only twice in Quebec: early in the 1990's and now. Moreover, Quebec students won't pay in 2012 the same amount in real terms than they were paying in 1994-1995! For more details on the situation of tuition fees in Quebec and a proposition for university funding, read a paper I published recently.
1 comment:
Ni les fédérations, ni le gouvernement ne s'attaquent à la source du problème.
Si les ménages québécois étaient plus riches en général (et non quelques riches et le reste près du seuil de la pauvreté), le prix des études universitaires ne serait plus un sujet aussi sensible.
Mais vu la situation économique de trop nombreux ménages québécois, l'augmentation des frais de scolarité (en plus des augmentations partout ailleurs, en société), me semble très risquée.
Un jeune québécois détenteur d'un diplôme universitaire a une valeur suffisante (à mon humble avis), pour notre société, qui justifie de l'accompagner comme il se doit, le temps de ses études puisqu'après, notre avenir dépendra (en partie, bien sûr) de sa capacité à créer de la richesse.
Il faudrait peut-être aller plus loin dans la réflexion et s'interroger sur les coûts "fixes" imposés (notamment) par les syndicats qui, d'une façon bien concrète, sont une des causes du dégel des frais de scolarité.
Un professeur d'université à 88,000$ par année au lieu de 94,000$ aurait-il vraiment tant de "maux de tête financiers" que ça?
Sérieusement, il va falloir se poser la question...
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