Sunday, April 20, 2008

Pour des tarifs variables à la STM | For variable rates at the STM

Voici le texte d'une lettre ouverte que j'ai publiée dans La Presse de ce matin.
Mathieu Laberge
Économiste à l'Institut économique de Montréal.

Les Montréalais vont bientôt se familiariser avec la carte à puce dans le métro et les autobus. Ce serait le moment pour la Société de transport de Montréal (STM) de repenser sa politique de tarification, en adoptant une approche utilisateur-payeur.

Disons d'emblée qu'il faudrait mettre de côté les recommandations d'un comité consultatif du gouvernement du Québec qui recommande de réduire les tarifs des transports en commun de 50% d'ici 10 ans, afin de favoriser la mobilité des personnes les plus pauvres. Avec de bonnes intentions, on veut ici nous amener dans une mauvaise direction. L'accessibilité aux services de métro et d'autobus ne devrait pas servir d'excuse au maintien d'une structure de tarification qui ne reflète pas la valeur du service reçu par les usagers. Il existe déjà des moyens plus efficaces que les politiques tous azimuts pour garantir l'accessibilité aux transports en commun aux plus vulnérables de notre société.

D'autres façons d'assurer l'accessibilité
Tout comme c'est le cas pour les droits de scolarité ou les tarifs de garderies, il est préférable de subventionner directement les usagers des transports en commun dans le besoin plutôt que de garantir à tous un tarif uniforme et anormalement bas par rapport à la valeur du service reçu. Par exemple, les tarifs préférentiels pour les étudiants et les personnes âgées visent à améliorer l'accès aux transports en commun pour certaines clientèles. Cette mesure est toutefois maladroite, car on ne peut présumer que l'ensemble des étudiants et des personnes âgées gagne un faible revenu. Pour assurer un accès aux usagers démunis, il serait plus efficace d'instaurer un crédit d'impôt remboursable ou une autre mesure qui tienne compte du revenu de l'usager. Dans plusieurs cas, ces mesures mieux adaptées existent déjà. Depuis 2006, le gouvernement fédéral offre un crédit d'impôt pour les titres de passage des transports en commun. Dans le cas des étudiants à faible revenu, le calcul des prêts et bourses par l'Aide financière aux études intègre déjà le coût des titres de transport dans les frais de subsistance. On pourrait s'inspirer de ces mécanismes pour le versement du supplément de revenu garanti aux aînés ou de l'aide sociale. On aiderait ainsi de façon ciblée ceux qui en ont véritablement besoin.

Une tarification utilisateur-payeur
Une tarification uniforme sans égard à l'utilisation n'est pas équitable, car en gommant le principe de l'utilisateur-payeur, elle force implicitement certains usagers qui coûtent moins cher à en subventionner d'autres qui consomment davantage de ressources. Si on adoptait une tarification variable, il est vrai que les passagers qui voyagent aux heures de pointe paieraient un tarif plus élevé, mais il en irait tout autrement des usagers qui demeurent près de leur lieu de travail, qui travaillent le soir ou la nuit ou qui favorisent les déplacements à pied ou à bicyclette pour de courtes distances. Avec l'arrivée de la carte à puce, la mise en place d'une tarification variable selon le moment de la journée et la distance parcourue, à l'image de celle de nombreuses sociétés de transport à l'échelle internationale, devient envisageable à la STM. Ce mode de tarification contribuerait à un financement adéquat tout en étant plus efficace du point de vue économique. Lorsqu'un automobiliste se déplace sur de plus grandes distances avec sa voiture, il assume un coût plus élevé tant en consommation de carburant qu'en détérioration de la condition générale de son véhicule. Pourquoi serait-ce différent pour les transports en commun?
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In this paper, published this morning in La Presse, I argue we should seriously consider implementing variable rates for public transit in Montreal. For example, someone travelling at peak hour (let's say 7am to 9 am or 4pm to 6om) would pay more than people travelling off peak. Also, people travelling longer distances would pay more than a user only travelling two underground stations. This would send a clear message to public transit users about the value of the service they receive. It would be more efficient and would prevent any waste of resources, like using public transit when you can walk or use alternative transports. Keep in mind that, at the moment, the Montreal Public Transit Society (STM, in French) sell a "all-you-can use" monthly or weekly card. This might change with the new chip-card being implemented from now on.
Some might argue that variables rates would harm poor people often relying on public transit for their travels. I would answer there are better ways to offset the adverse effect of variable rates on poor people than charging universally low prices. For example, we could consider creating a reimbursable tax credit for poor people using public transit. Alternatively, we could adapt the social security for poor, students and elderly to take into account the new princing policy. The federal government has such a tax credit - although it is not reimbursable and it does not take into account the revenue of users, it shows how it is easy to create such fiscal measure. The Quebec Aide Financière aux Études (Public grants and loans) also take into account the public transit cost in its computation parameters... This could be extended to social security and to the garanteed revenu supplement.
When motorists use their car for longer distances, they bear a higher cost with theiur car deterioration and by burning more fuel. Why should it be different for public transit?

Wednesday, April 16, 2008

L'avenir de l'éducation post-secondaire | Post-secondary education's future

Voici le texte d'une conférence que j'ai prononcée dans le cadre d'un débat sur le financement de l'éducation pour la Semaine de la Citoyenneté au Cégep du Vieux-Montréal. Le texte prononcé a préséance:
INTRODUCTION
Je voudrais d’abord vous remercier de m’accueillir dans le cadre de cette conférence sur le financement de l’éducation pour la semaine de la citoyenneté.

C’est toujours un plaisir de revenir dans cette institution que j’ai eu le plaisir de fréquenter pendant quelques mois.

Ce dont j’aimerais vous parler aujourd’hui, c’est comment embrasser les défis de l’avenir pour l’éducation supérieure. Certains parmi vous auront peut-être eu la chance de lire l’excellente série d’article de La Presse sur les diplômes à rabais cette semaine.

Je partage largement les craintes des intervenants interviewé : nos diplômes valent de moins en moins à mesure que le temps passe. Et j’y vois une conséquence de l’étranglement financier qu’on a imposé à nos universités depuis trop longtemps.

Ici, je me permets une parenthèse :
Ceux qui ont lu les articles de La Presse auront peut-être remarqué comme moi le nombre d’intervenants anonymes… C’est signe selon moi de l’homogénéité de pensée qui a été imposée tranquillement dans nos milieux académiques, tant universitaires que collégiaux. On vous fait croire que le financement de l'éducation est une question de principe, qu'il n'y a pas de débat à faire là-dessus... C'est faux! Les choix de société doivent faire l'objet d'une remise en question et peuvent être changés, surtout quand ils sont néfastes pour la société.

Alors, comme le temps est compté, je ne m’attarderai pas longtemps sur les formes de financement autres que la hausse des droits de scolarité. Je mentionnerai simplement que :

- Le Québec dépense 25 % de plus que la moyenne des pays de l’OCDE en éducation
- De fait, il n’y a que 3 pays qui dépensent plus que nous
o Le financement public est largement suffisant!

- Chaque dollar de réduction de la taxe sur le capital des entreprises réinjecte 1,41 $ dans l’économie québécois : c’est plus que du 1 pour 1!
o Surtaxer nos entreprises, c’est amorcer un cercle vicieux de la pauvreté pour le Québec
o La tarification est beaucoup moins dommageable

Il ne reste donc qu’une option, et ce c’est pas la révolution. Il faut augmenter les droits de scolarité…

Pourquoi?

D’abord parce qu’étudier c’est payant! Presque deux fois plus pour les individus que pour la société

Rendement privé moyen d’un bacc. : 17.25% contre 10.5% de rendement social en 2000 (Moussaly, 2005)

Il existe peu de placements qui rapportent plus que l’éducation!

Ensuite, parce que si le dégel est bien fait, c’est une mesure qui permet une meilleure équité envers les moins nantis :

À l’heure actuelle, il y a deux fois plus d’étudiants qui proviennent de familles aisées que de familles pauvres dans nos universités. C’est au Québec que ce déséquilibre est le plus important.

Ça veut donc dire que de financer l’éducation par les impôts, ça revient à faire payer l’éducation des riches par les contribuables de la classe moyenne…

Ce sont les pauvres du Québec qui paient pour l’éducation des riches à cause du gel universel des droits de scolarité.

C’est pourquoi il faut dégeler les droits de scolarité et augmenter l’aide financière aux études de façon ciblée pour aider les moins nantis. De la sorte, ceux qui ont les moyens de payer le feront, ce qui permettra de venir en aide spécifiquement à ceux qui en ont besoin.

Ainsi, les droits de scolarités augmentés graduellement avec un programme de support aux plus démunis représentent également une meilleure équité entre les étudiants eux-mêmes.

Ce qui m’amène à conclure sur ma proposition de plan de financement de l’éducation, après la période de dégel. Il s’agit d’un plan 2012-2017 :

1- Dégel asymétrique selon les disciplines pour que les droits de scolarité représentent 40 % des coûts de formation
a. Certains auront à payer plus
b. D’autre y gagneront (arts, lettres et sciences humaines)
c. Permettra une meilleur équité entre les étudiants et reflètera également les rendements différenciés des différents programmes

2-Augmenter graduellement pour rejoindre la moyenne canadienne
a. Assurer la qualité de nos universités par rapport au reste du Canada
b. Deux fois l’inflation à chaque année, ce qui implique une perte de 165 étudiants par année
c. Si on vient en aide à ceux qui en ont réellement besoin, on peut réduire voire éliminer cet effet négatif du dégel

3- Instaurer un RPR fiscalisé
a. Permettre aux étudiants les moins nantis de ne pas payer leurs droits de scolarité pendant leurs études
b. Remboursent proportionnellement à leurs revenus une fois gradués, possiblement par leur déclaration d’impôts.


CONCLUSION

Thursday, April 10, 2008

Principes d'économie | Principles of economics

Si tout était si simple...
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If only everything was so simple...

Tuesday, April 08, 2008

Les subprimes selon deux financiers britanniques | Suprimes crises according to two British finance specialists

Je vous recommande d'écouter ce court vidéo humoristique sur la crise des subprime... L'humour anglais à l'oeuvre
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I suggest you watch this short humoristic video on the subprime crisis... British humour at its best!