Saturday, September 24, 2005

Le PQ et la souveraineté... comment se tirer dans le pied! | Quebec's nationalists and independance... how to make a long shot!

Alors voilà! Nous apprenions cette semaine que les syndicats nationaux, CSN et FTQ en tête, décidaient de baisser leurs revendications salariales. Parallèlement, le gouvernement Charest maintenait sa "ligne" de négociation salariale. En même temps, une petite nouvelle dans La Presse nous apprenait que le gouvernement était prêt à légiférer (comme dans 'loi spéciale'?!) sur les clauses salariales aussitôt les clauses normatives réglées. Pour faire suite à ma chronique de la semaine dernière, et bien que la loi spéciale soit l'arme atomique en matière de négociation de convention collective, le gouvernement Charest est dans la bonne voie. Il semble vouloir de plus en plus s'imposer comme étant le protecteur de l'équilibre budgétaire. Une fois l'étape des négociations avec les syndicats passée, il ne lui restera plus qu'à étendre sa sphère de gouvernance à une vision plus large des moyens d'action de l'État. [Malgré ce que plusieurs prétendent, je crois que le PLQ a effectivement une vision de l'État, teintée par le désengagement de l'État, la réduction des impôts et le retour au rôle traditionnel de l'État (filet social, environnement, protection civile et éducation primaire secondaire... pour ne nommer que ceux-là)]
Bref, ceci m'amène au sujet principal que je souhaitais aborder aujourd'hui: le PQ est en train de sauter les étapes! Ils sont confinés à l'opposition pour encore deux ans et demi et leur futur chef prend déjà plus de temps à réaliser la souveraineté qu'à gagner les élections. Selon moi, cette attitude des candidats à la chefferie du PQ prend son origine dans le refus systématique des militants de faire un bilan, un mea culpa, à la suite de la dernière élection générale. Il est complètement absurde de mettre la défaite électorale du PQ sur le seul désir de changement des Québécoises et des Québécois. Tout comme il est illusoire de croire la réélection du PQ acquise.
Comme on l'a vu à "Tout le monde en parles" avec Jean Charest, le chef du PLQ est horriblement mauvais lorsqu'il est mis sur la défensive. Or, Charest a un bilan plutôt positif que négatif en santé jusqu'à maintenant. Donnez-lui un règlement efficace avec les syndicats où il fait figure de gagnant et quelques autres bon coups et il sera difficile pour le PQ de le mettre sur la défensive une fois les élections venues. Et j'insistes: il reste deux ans et demi à l'actuel gouvernement! Soit cinq éternités politiques! Jean Charest a amplement le temps de se réserver quelques bons coups en vue de présenter un bilan correct, sans être reluisant. Bref, il n'est pas encore perdu, sa défaite est loin d'être acquise et les péquistes font tout en leur pouvoir pour lui faciliter la tâche!
Certes, le PQ pourra marquer des points lors des prochaines élections partielles. Une victoire de Farouk Karim dans Outremont n'est pas exclue. Le PQ aura beau faire les gorges chaudes d'une victoire de ce type et de celle, il y a un an, d'Elsie Lefebvre; rééditer un tel exploit en élection générale est hautement improbable. À part les deux candidats et leur équipe politique, tout le monde en est bien conscient.
Bref, le PQ semble bien prompt à sauter les étapes. Avec un gouvernement Charest encore bien vivant et des victoires qui n'en sont pas, les candidats à la chefferie auraient avantage à parler beaucoup plus de comment ils prévoient gagner les prochaines élections. Seulement après viendra la question de la souveraineté...
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So, here is the English version of this post. I really want to apologize to my English speaking friends fro the delay. Even though writting in English is easier than it was, it's still very demanding and time consuming...
The Quebec's nationalist party is now living an important moment in its history. The first race to leadership in 20 years is being run and 9 candidates are debatting. Surprisingly, as if they consider the actual Liberal government as dead and defeated in the next election, the nationalists are debatting about how to make Quebec a country... and not how to win the election!
What I am saying, essentially, is that behaviour is in right line with the behaviour of the nationalists' leaders since their lectoral defeat in 2003. They consistently refused to take any responsibility in the electoral loss, arguying that they've been beated because Quebecoise only wanted change.
They are wrong! Quebec nationalist party's defeat is symptomatic of a change of opinion in the "silent majority" from definitely left wing to an approach much more pragmatic. Moreover, the actual Liberal PM is particularly bad when forced to be on defensive strategy. Even though his term in office isn't really good up to know, he hasn't done a wrong job in the health care system and he's about to finish the negociations with the states servants without any real demonstration. In my opinion, his defeat is far from certain...
Actually, the Quebec's nationalists are celebrating an important win in a pluri-ethnic constituancy. They expect to win the constituancy of Outremont normally won by the Liberals. But all those victories aren't really important. They are victories in by-elections. The real test will be the next general election.
In short, the nationalists are moving a step forward too fast. With the Liberals still well aliva and with more than 2 years to go, they should be much more concerned. By celebrating false victories and anticipating an easy walk to independence, they are preparing a real long shot which will end in a hard wall! Quebec's nationalists should begin by winning the next election... then the country might come.

Monday, September 19, 2005

Réponse aux commentaires de "Sur la trace de Tony Blair"

Je tiens d'abord à remercier les personnes qui ont pris le temps de venir écrire un commentaire sur le blog au sujet de mon dernier papier publié dans La Presse de samedi le 17 septembre. J'ai d'ailleurs été surpris par le caractère très souvent positif des commentaires. Également, la modération des critiques m'a agréablement surprise. Une nouvelle preuve que les Québécoises et les Québécois sont ouverts à des débats modérés et éclairant, contrairement à la plupart de leurs élus syndicaux ou à l'Assemblée Nationale!
Vous trouverez mes réactions aux commentaires dans les prochaines lignes, de généraux à spécifiques. Vos commentaires me font progresser dans ma réflexion sur le Québec, son état et son avenir. N'hésitez pas à y ajouter votre grain de sel, positif ou critique, ce sera très apprécié!
Un commentaire général, d'abord. Contrairement à ce que je comprends des commentaires en accord avec l'opinion que j'ai publié, je ne crois pas que le Québec courre à sa perte à l'heure actuelle. Plusieurs faisaient d'ailleurs référence aux "paradigmes dépassés des années 1960 et 1970" ou à une "république de banane". Il y a un an, j'aurais probablement partagé votre point de vue. Néanmoins, à mon retour au Québec (il y a une semaine) j'ai constaté rapidement que certaines voix commençaient à s'élever contre les dogmes de la "sociale-démocracie" à la québécoise. Les critiques que j'ai entendu étaient même généralement constructives, très loin du "union bashing" derrière lequel les syndicats se réfugient pour justifier leur immobilisme. Bref, en un an, le Québec à indéniablement progressé à ce niveau. Si le progrès en matière du clivage gauche/droite se maintient, on pourrait voir un changement d'attitude des politiciens à moyen terme. À n'en pas douter, la prochaine élection devrait être un point tournant à ce chapitre.
Monsieur Piché écrit que les syndicats représentent plus de personnes que leurs leaders. Vous avez tout à fait raison. Mais en admettant que le nombre de membres que vous mettez de l'avant (450 000 dans les secteur publics et parapublics) soit exact, il n'en demeure pas moins que ce n'est qu'un seizième de la population québécoise! Est-ce suffisant pour justifier un pouvoir politique tel que celui dont la CSN, la FTQ et la CSQ disposent? J'en doute.
D'autre part, vous avancez que le fonctionnement des syndicat demeure souvent inconnu, en faisant probablement référence à leur structure démocratique. Étant issu du mouvement étudiant modéré, qui présente beaucoup de similitudes avec le mouvement syndical, je comprends où vous voulez en venir. S'il est vrai que certains mandats partent des Assemblées générales syndicales (au niveau local) pour ensuite être reprise par "l'establishment" national, il faut reconnaître que beaucoup de "commandes" font également le chemin inverse: de l'establishment vers les syndiqués. Nier cet état des choses relèverait d'un vision idéalisée du syndicalisme!
Monsieur Couture fait valoir que les syndicats ne sont pas responsables de tous les maux... avec raison! Vous remarquerez d'ailleurs que dans l'article, je ne demande jamais aux syndicats de reculer et de refuser l'influence qu'on leur laisse... Ça équivaudrait à demander aux leaders syndicaux de ne pas être humains! Je comprends d'ailleurs que certains puissent voir une utilité aux groupements syndicaux lorsqu'il est question de relations de travail. Néanmoins, je crois qu'il est maintenant temps pour les syndicats de mener une importante analyse introspective et de reconnaître que leur champs d'action sont les relations de travail et pas nécessairement tous les débats sociaux! En Angleterre, quand j'ai entendu Claudette Carbonneau se prononcer sur le lieu du futur CHUM, je me suis étouffé dans mon café!
Je crois d'ailleurs que ceux qui ont à agir sont les élus de l'Assemblée Nationale. Ils doivent se poser en tant "qu'idéateurs" de la société québécoise. Un tel mouvement demandera à un véritable leader de prendre action pour réaffirmer le rôle du gouvernement et des élus... au détriment de tout l'espace politique occupé par les syndicats à l'heure actuelle. Est-ce que ce leader est Jean Charest? On peut se le demander. Chose certaine, il a une fenêtre d'opportunité cet automne.
Finalement, Monsieur Mireault fait valoir qu'il a apprécié le caractère concret de ma chronique en la comparant avec celle de la semaine précédente. Je crois que vous jugez très sévèrement le texte de mon collègue, Stéphane Kelly. En fait je crois que la force principale de la chronique "Québec grand angle" est la diversité des opinions et des styles de ses différents auteurs. Individuellement, nous sommes bien peu de choses alors que collectivement, je suis persuadé que les points de vues présentés permettront d'apprécier la diversité québécoise.
Je partage généralement votre point du vue sur la taille de l'État. Avec raison, vous faites valoir qu'au Québec cette vision des choses est souvent taxée de "droitiste". Mais je crois réellement qu'il faut remettre les choses en perspective. Le concept droite/gauche est hautement relatif: une personne de centre-droit au Québec serait jugée de droite en France, de centre-gauche au Royaume-Uni et probablement carrément de gauche aux États-Unis! D'ailleurs, merci pour vos souhaits de bon courage... vous serez rassuré de savoir que je ne me préoccupe que très peu des étiquettes qu'on m'accole!

Saturday, September 17, 2005

Sur la trace de Tony Blair

Jean Charest doit suivre la voie du premier ministre britannique


MATHIEU LABERGE
Détenteur d’une maîtrise en économie de l’Université de Nottingham, en Angleterre, et ancien vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec.

Sous le couvert d’un apparent dynamisme, les syndicats sont passés de moteur de changement social à promoteurs de l’immobilisme de la société québécoise. Au contraire, le Royaume-Uni vit actuellement une époque d’effervescence et de développement exceptionnels sous l’impulsion d’une nouvelle vision du rôle de l’État insufflée par les élus. Peut-on réellement blâmer les groupes d’intérêts québécois d’avoir comblé un espace laissé vacant par les gouvernements successifs? Quoi qu’il en soit, la solution devra passer par une réappropriation des pouvoirs publics par les élus de l’Assemblée Nationale. Contre toute attente, « l’automne chaud » pourrait en devenir le point de départ.

Un survol des principales villes du Royaume-Uni donne un spectacle saisissant : les grues et les sites de construction se multiplient jusqu’à l’horizon. Autrefois le maître lieu d’une industrie minière aujourd’hui anémique, les villes du centre de l’Angleterre voient maintenant les sièges sociaux de grandes entreprises peupler leur centre-ville. Les institutions sociales, académiques et culturelles se développent d’ailleurs à un rythme important, tant à Londres qu’en région. Dans la rue, les gens rayonnent d’optimisme. Bref, le Royaume-Uni est en proie à un bouillonnement social qui trouve sa source dans un leadership accru du gouvernement. Loin de se contenter de « réformettes d’apparat », le gouvernement britannique continue de transformer fondamentalement les institutions du pays.

À l’opposé, le simulacre de vitalité québécoise prend sa source dans la volonté des syndicats de maintenir coûte que coûte le statut quo. Pendant que la Présidente de la CSN multiplie les interventions et se prononce sur le lieu du futur CHUM et la déconfessionnalisation du réseau scolaire, Louise Leduc a démontré récemment dans La Presse que la situation des employés « Au bas de l’échelle », même syndiqués, demeure précaire. Toutes les revendications récentes des groupes d’intérêts -des 103 millions de bourses aux fusions d’unités syndicales dans les hôpitaux- visent à donner une apparence de vigueur tout en assurant le maintient d’une situation favorable à leurs membres. Le Québec se retrouve donc dans une situation où il y a confusion des rôles : le gouvernement mettant en veilleuse sa vision de la société et reculant devant des syndicats qui occupent systématiquement chaque centimètre de pouvoir laissé à leur portée. Il en résulte une situation où les groupes d’intérêts se sont érigés en gouvernement parallèle, celui qui a le dernier mot sur les politiques publiques du Québec à coup de manifestations.

Vieilles habitudes
S’il est une promesse brisée qu’on ne peut pardonner au gouvernement Charest, c’est celle de mettre les syndicats au pas. Après quelques tentatives visant à reprendre en main le contrôle de la destinée du Québec, Jean Charest est maintenant retourné dans les vieilles habitudes de son prédécesseur et gouverne à vue en faisant les quatre volontés des leaders syndicaux. Qu’on soit en désaccord avec la vision du Québec du Premier Ministre, soit! Mais vaut mieux que les reines du pouvoir soient entre les mains d’élus légitimes qu’entre celles de groupes qui ne représentent qu’une portion limitée de la population. Les élus québécois doivent dorénavant cesser d’abdiquer leurs pouvoirs de modeler la société au profit des groupes d’intérêts.

La situation n’était guère plus rose il y a quelques décennies au Royaume-Uni. Pourtant, en réaffirmant le droit des groupes sociaux d’être consultés tout en s’assurant que le pouvoir de décider des arbitrages politiques revienne entre les mains des élus, Tony Blair et ses prédécesseurs ont su se réapproprier l’espace politique de leur pays. Depuis les années 1980, les groupes de pressions syndicaux et patronaux on été invariablement exclus des instances décisionnelles du gouvernement et des ministères. L’actuel Premier Ministre britannique a donc eu le beau rôle de positionner son gouvernement comme visionnaire de la société tout en étant économiquement moins interventionniste que la plupart des États européens, dont la France qui est maintenant confrontée à des problèmes très similaires à ceux du Québec.

Jusqu’à présent, Jean Charest a su maintenir ses positions dans les négociations du secteur public. Avec un bilan plutôt dégarni à ce jour et peu à perdre en termes de popularité, le gouvernement peut désormais opérer un revirement de situation en restituant à l’Assemblée Nationale son rôle d’orienteur de la société. Bref, cet automne chaud pourrait bien marquer le commencement d’une nouvelle légitimité pour l’État et les élus québécois.

Tuesday, September 13, 2005

Le plus grand quotidien français d'Amérique | America's most important French newspaper



Quelques mots pour vous faire savoir que dès samedi prochain j'aurai une chronique mensuelle dans le journal La Presse. La chronique "Le Québec grand angle" sera partagée entre quatre auteurs (un par semaine au cour du mois) et visera à présenter avec du recul l'actualité québécoise. Mes collègues pour la rédaction de la chronique sont:
- Stéphane Kelly, Essayiste et professeur de sociologie au Cégep de Saint-Jérôme;
- Daniel Laprès, Membre fondateur du Réseau canadien pour le libéralisme et la démocratie;
- Geneviève Nootens, Professeure de science politique, UQAC.
J'ai également reçu la permission de La Presse de poster mes articles publiés sur le présent blogue. J'espère donc que les gens seront nombreux à venir me faire connaître leurs commentaires sur mes papiers. La seule chose que je demande dans les commentaires est d'être constructif! J'apprécie les débats et les désaccords, mais pour refuser un idée il faudra en proposer une autre. Parallèlement, je continuerai à donner de mes nouvelles et j'essaierai, les semaines où je ne suis pas publié dans la version papier de La Presse, je poster quelques textes courts sur l'actualité. À très bientôt...
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A few words to let you know I've been confirmed as a columnist at La Presse, the most important French newspaper in America. I'll publish one paper monthly in the column "Quebec wide angle". The column aims to widen the views about Quebec's news and will be shared by three other authors:
- Stephane Kelly, Writer and Sociology teacher at Saint-Jerome College;
- Daniel Laprès, Founding member of the Canadian Network for Liberalism and Democracy;
- Geneviève Nootens, Teacher of Politics, University of Quebec in Chicoutimi.
I've been allowed to publish my papers on my blog. I do hope a lot of people will comment them. I just ask people to be constructive: if you want to be against an idea, it is expected that you'll have something better to propose. In the meanwhile, I'll continue to give some news from my new life in Montreal on this blog. During the weeks I'm not published in La Presse's paper edition, I'll try to put a few articles on that blog. See you soon...