Tuesday, March 03, 2009

Protectionism in Times of Economic Crisis


Here is the original version of a CIRANO Note I published in march:

Protectionism in the United States during the 1929 crisis
In the 1928 presidential election, the Republican candidate Herbert Hoover advocated imposing tariffs on agriculture to relieve the glut created by excess production during the postwar years. His assumption of the presidency set the stage for the principal protectionist measure of the Great Depression, the Smoot-Hawley Tariff adopted by Congress in June of 1930.
[1]

After consultation, tariffs were hiked by more than ten percentage points—particularly targeting agriculture, tobacco and food, chemicals, and textiles. The ad valorem rate rose from 34.61% in 1922 to 42.48% in 1930.[2]

The volume of U.S. imports did not rebound to its 1929 level until 1941, 11 years after adoption of the Smoot-Hawley Tariff. Although the decline in U.S. imports cannot be entirely attributed to these higher rates, there is broad consensus that they exacerbated the depth and duration of the depression. On their own, higher tariffs on U.S. imports would have been responsible for a 4 % to 8 % reduction.[3]

The decline in U.S. imports had far-reaching implications for international trade. In Canada, lumber exports fell by 34 % between 1929 and 1931. This scenario was observed across several other industries, as well: wheat (–3%), seafood (–12%), woollens (–62%), dairy products (–65%) and livestock (–84%).

The adoption of protectionist measures by the United States provided a significant impetus to their spread around the globe after 1930. In that year alone, six general tariffs were revised in Europe. There were adjustments in South America and the Commonwealth (principally Australia, New Zealand and Canada).
[4] The year 1931 was characterized by hundreds of tariff revisions. Most such revisions in the 1930–1931 period were upward.

Analysis of the current situation and similarities with 1929
Fears of resurgent protectionism in the United States of 2009 are based on "Buy American" provisions in President Obama’s recovery plan. These provisions appear to violate NAFTA and international trade rules of the WTO. Overturning these measures or obtaining reparations may, however, require several years, causing considerable damage to foreign producers already hurt by an economic downturn.

Some similarity between President Obama’s stimulus plan and the protectionist measures adopted by the United States in 1929 are worth noting: (1) In February 2008, in the midst of their presidential campaigns, both Democratic candidates evoked the possibility of reopening NAFTA. Protectionist measures could satisfy an electoral imperative in the United States. (2) Prices of commodities and metals have collapsed recently, providing an incentive for a clause to protect the steel and iron industries. (3) International protests suggest that, following a formal challenge to the Buy American clause, temporary retaliatory measures could be adopted pending a trial.

Implications for Quebec and general conclusion
If barriers to international trade were to attain their 1929 levels, exports from Quebec to the United States would fall by about $2 to $4 billion.
[5] This reduction might be concentrated in a few industries already weakened by the economic downturn.

A tariff or a local procurement policy benefits a limited number of local producers while imposing costs that are spread over all consumers. For small open economies—such as Quebec—the net effect of a tariff on imports is always negative. Under these circumstances, the cost borne by society from an overall increase in prices of protected products exceeds the benefit received by domestic producers.


[1] U.S Department of State, Smoot-Hawley Tariff [http://www.future.state.gov], consulted February 6, 2009.
[2] Irwin, D.A., The Smoot-Hawley Tariff: A quantitative assessment in The Review of Economics and Statistics, (80:2) 1998.
[3] Eichengreen, B., Eichengreen, B., The Political Economy of the Smoot-Hawley Tariff, Cambridge (US) : National Bureau of Economic Research, section IV.
[4] Bidwell, P.W., Trade, Tariffs, the Depression in Foreign Affairs, (10:3), 1932.
[5] Based on a 4–8 % decline in U.S. imports and on the value of exports from Quebec to the United States in 2007: http://www.stat.gouv.qc.ca


* * *

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(Source de l'image: http://www.inkcinct.com.au/)

Le protectionnisme en temps de crise



Voici le texte de la Note CIRANO que j'ai rédigé pour la publication du mois de mars:

Le protectionnisme américain durant la crise de 1929
Lors de l’élection présidentielle de 1928, le candidat républicain, Herbert Hoover, a plaidé pour un support tarifaire à l’industrie agricole américaine durement touchée par la surproduction d’après-guerre. Le principal geste protectionniste de la Grande Dépression découle de son accession à la présidence américaine. Il s’agit de l’adoption du Smoot-Hawley Tariff par le Congrès américain, en juin 1930
[1].

Après discussion, une augmentation des tarifs de plus de dix points de pourcentage a été votée, notamment dans les industries agricole, du tabac et de la nourriture, des produits chimiques et du textile. Le tarif ad valorem moyen est passé de 34,61 % en 1922 à 42,48 % en 1930
[2].

Le volume des importations américaines ne reviendra à son niveau de 1929 qu’à partir de 1941, soit 11 ans après l’adoption du Smoot-Hawley Tariff. Bien qu’on ne puisse attribuer l’entièreté de la baisse des importations américaines à l’augmentation des tarifs, on considère généralement qu’elle a contribué à rendre la dépression plus longue et plus rigoureuse. L’effet isolé de l’augmentation des tarifs sur les importations américaines se serait traduit par une baisse de 4 % à 8 %
[3].

L’impact de la baisse des exportations américaines sur le commerce international a été important. Au Canada, les exportations de sciages ont diminué de 34 % entre 1929 et 1931. Le même phénomène a été observé dans plusieurs autres industries : blé (-3 %), produits de la mer (-12 %), lainages (-62 %), produits laitiers (-65 %) et bétail (-84 %)
[4].

L’adoption de mesures protectionnistes par les États-Unis a été un facteur important favorisant la propagation de ces mesures dans le monde après 1930. Seulement cette année-là, six tarifs généraux ont été révisés en Europe. Des révisions ont eu cours en Amérique du Sud, dans le Commonwealth (Australie, Nouvelle-Zélande et Canada principalement)
[5]. En 1931, les révisions tarifaires se sont succédé par centaines. La grande majorité des révisions de 1930-1931 étaient à la hausse.

Analyse de la situation actuelle et des similitudes avec 1929
Les craintes de l’adoption de mesures protectionnistes par les États-Unis en 2009 sont fondées sur l’inclusion de la clause dite « Buy American » dans le plan de relance du président Obama. Cette clause semble entrer en contradiction avec l’ALENA et les règles du commerce international de l’OMC. Les démarches pour renverser ces mesures ou obtenir réparations risquent toutefois de prendre plusieurs années, ce qui impliquerait un tort considérable aux producteurs étrangers en pleine période de ralentissement économique.

Certaines similitudes entre le plan de relance du Président Obama et les mesures protectionnistes adoptées par les américains en 1929 méritent d’être soulignées : (1) En février 2008, les deux candidats démocrates à la présidence avaient évoqué l’ouverture du traité de l’ALENA en plein processus électoral. L’adoption de mesures protectionnistes pourrait donc répondre à un impératif électoral chez nos voisins du Sud. (2) Le cours des ressources naturelles et des métaux a chuté récemment, ce qui a pu motiver l’inclusion d’une clause de protection de l’industrie de l’acier et du fer. (3) Les protestations internationales laissent penser que des mesures de rétorsions temporaires pourraient être adoptées en attendant un jugement qui suivrait une contestation officielle de la clause « Buy American ».

Implications pour le Québec et conclusion générale
Si les entraves au commerce international atteignaient le même niveau qu’en 1929, cela impliquerait une diminution des exportations québécoises vers les États-Unis de l’ordre de 2 à 4 milliards $
[6]. Cette réduction risquerait d’être concentrée dans quelques industries déjà affaiblies par le ralentissement économique.

Lors de l’imposition d’un tarif ou d’une politique d’achat local, on fait bénéficier un nombre restreint de producteurs locaux tout en imposant un coût diffus à l’ensemble des consommateurs. Pour les petites économies ouvertes - comme le Québec - l’effet net de l’imposition d’un tarif sur les importations est toujours négatif. Dans ces circonstances, le coût social dû à l’augmentation générale du prix des produits protégés supporté par la société est supérieur au bénéfice obtenu par les producteurs nationaux.

Le Québec, comme le Canada dans son ensemble, doivent éviter les approches protectionnistes, tarifaires ou non, même comme mesure de rétorsion. L’imposition de tarifs par les petites économies ouvertes se traduit toujours par une perte nette, sans compter une escalade possible des mesures de rétorsion qui pourraient être adoptées par les partenaires commerciaux.


[1] U.S Department of State, Smoot-Hawley Tariff [http://www.future.state.gov] accédé le 6 février 2009
[2] Irwin, D.A., The Smoot-Hawley Tariff : A quantitative assessment in The Review of Economics and Statistics, (80:2) 1998.
[3] Eichengreen, B., Eichengreen, B., The Political Economy of the Smoot-Hawley Tariff, Cambridge (US) : National Bureau of Economic Research, section IV.
[4] McDonald J.A. et al., Trade Wars : Canada’s reaction to the Smoot-Hawley Tariff in The Journal of Economic History, (57:4), 1997.
[5] Bidwell, P.W., Trade, Tariffs, the Depression in Foreign Affairs, (10:3), 1932.
[6] Fondé sur une diminution de 4 à 8 % des importations américaines et sur la valeur des exportations québécoises à destination des États-Unis en 2007 : http://www.stat.gouv.qc.ca

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Les Notes CIRANO font partie de la série de documents de transfert du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations. Elles abordent de façon succincte et claire les sujets qui font l'objet de recherche au CIRANO. On peut consulter l'ensemble des Notes CIRANO depuis 2007 à l'adresse suivante: http://www.cirano.qc.ca/note/index.php?lang=fr

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