Voilà donc que le gouvernement Charest a décidé de prendre le taureau (syndical!) par les cornes et d'imposer par une loi spéciale les conditions de travail des syndiqués de l'État. Réaction prévisible des syndicats: Émoi, Colère, Surprise, etc.! Bien que le gouvernement aie mal géré son action, les syndicats semblent ici verser des larmes de crocodiles...
Effectivement, il n'y avait aucune surprise quant à l'imposition d'une loi spéciale. Monique Jérôme-Forget avait prévenu qu'un règlement interviendrait, de gré ou de force, avant Noël. Remarquez, depuis lors, les syndicats ont bien su préparer leur terrain. Dès l'annonce de la Président du Conseil du Trésors, ils ont dénoncé le manque de bonne foi du gouvernement dans les présentes négociations. Ils se donnent maintenant le beau rôle d'être outré et de jouer les vierges offensées alors qu'ils ont un peu courru après leur propre malheur. Effectivement, dans toute négociation, il doit y avoir deux parties. Généralement, les torts sont d'ailleurs partagés entre les deux et faire porter le blâme à une seule partie relève de facto de la mauvaise foi crasse. Les syndicats ont le seul mérite d'avoir su prévenir le coup et de s'être positionné avantageusement face au gouvernement.
Comprenons-nous bien. Un règlement négocié aurait-il été plus souhaitable? Bien sûr! Le gouvernement a-t-il su gérer la situation avec succès? Absolument pas! Mais les syndicats ne sont pas blanc comme neige non plus. Face à l'incompétence du gouvernement pour passer ses messages, les leaders syndicaux ont simplement su tirer leur carte du jeux. Les seuls partenaires à avoir raison d'être surpris sont les Centres de la petite enfance (CPE) et leur association qui s'en sont fait passer "une petite vite"! C'était d'ailleurs très évident à écouter la président de l'AQCPE, qui semblait rager intérieurement devant les manigances et la trahison gouvernementale.
La suite des choses
Il est fort à propos pour le gouvernement d'imposer sa loi spéciale à ce moment. Il est reconnu dans tous les milieux militants que, plus l'hiver avance, moins la mobilisation est facile... Aller piqueter par -30C n'est pas très populaire. Déjà que les syndicats, qui avaient annoncé un automne chaud, en ont livré un plutôt tiédasse; le gouvernement minimise les chances de troubles sociaux en choisissant un moment de relâche (les fêtes) suivi des grands froids de janvier et février. Qui plus est, avec l'élection récente de M. Bachand dans le comté d'Outremont, un remaniement ministériel s'impose... L'occasion rêvée de "tasser" la ministre Théberge et les responsables de la gestion déficiente des négociations salariales avec les employés de l'État. La table est donc mise pour une (autre!) tentative de redémarrage de l'appareil Libéral. Les chances de succès semblent néanmoins minimes, devant les ratées successives que connaît ce gouvernement depuis son élection. Parions qu'il saura encore une fois gâcher une disposition favorable des astres politiques!
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