À partir d'aujourd'hui, je participerai sur une base hebdomadaire à des débats sur les ondes du Réseau de l'information (RDI) de la SRC, dans le cadre de l'émission Dominique Poirier en direct.
Depuis le début de la nouvelle saison télévisuelle, l'émission de Dominique Poirier consacre effectivement sa dernière demi-heure à une discussion-débat entre deux collaborateurs. Les sujets changent à chaque jour. Dans le cadre de ma participation, j'aurai la chance de débattre avec Réjean Thomas.
Donc, à ne pas manquer tous les vendredis de 19h30 à 20h, sur les ondes de RDI!
Vous pourrez également revoir les débats sur internet, à l'adresse suivante.
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From today and for the next months, I will take part in debates on a weekly basis. The discussions will be broadcast on RDI, the live news network of the French part of the CBC.
That initiative started with the new TV season at Dominique Poirier's program. Every day, her last half hour is a debate between two collaborators, with varying topics. I'll have the chance to discuss with Réjean Thomas.
Don't miss it: every Friday from 7.30pm to 8pm on RDI (in French)
Friday, August 31, 2007
Wednesday, August 22, 2007
40e anniversaire des collèges - Les cégeps ont plutôt mal vieilli
Mathieu LABERGE
Économiste à l’Institut économique de Montréal
Enseignant dans le réseau collégial de 2006 à 2007
Vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) en 1999-2000
Les temps ont bien changé depuis l’instauration du réseau collégial, en 1967. Alors que les cégeps ont bel et bien contribué à augmenter le niveau de scolarisation des Québécois, force est de constater qu’ils sont maintenant mal outillés pour faire face à la décroissance de leur clientèle et aux nouveaux besoins du marché du travail. Les débats entourant le Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial, tenu en 2004, n’avaient apporté que des modifications cosmétiques au fonctionnement du réseau collégial. Il semble désormais que le 40e anniversaire des cégeps soit le moment privilégié pour amorcer une réflexion constructive sur leur fonctionnement.
Qu’obtient-on en créant 48 institutions scolaires, dont plusieurs sont désormais vivotantes, disséminées sur le territoire québécois plus en fonction d’aléas politiques qu’en regard des besoins? En leur retirant ensuite la possibilité de se démarquer les unes des autres, tant par une offre de formation en pratique uniforme que par l’impossibilité d’imposer des droits de scolarité? On obtient les cégeps, qui sont plus que jamais confrontés au besoin d’une refonte majeure de leur mode de fonctionnement!
La plupart des collèges offrent les mêmes programmes – notamment sciences humaines et sciences de la nature au secteur préuniversitaire; techniques administratives et informatique au secteur technique – sans égard au nombre d’institutions qui se partagent le territoire. Comme le diplôme d’études collégiales est décerné uniformément par le ministre de l’Éducation, les collèges ne sont pas incités à développer des « créneaux de formation » pour se démarquer des autres institutions et attirer un plus grand nombre d’étudiants. Ils ne peuvent pas non plus se concurrencer par une variation des coûts de formation, puisqu’il leur est interdit d’imposer des droits de scolarité. Au cégep, on paie pour tout ce qui entoure l’enseignement, mais pas pour l’enseignement lui-même!
Parallèlement au manque de flexibilité auquel elles sont confrontées, les institutions collégiales se disputent une clientèle qui diminue d’année en années. De 2000 à 2005, la fréquentation des établissements collégiaux a diminué de 4 %. On prévoit que la situation ira en se détériorant pour les sept prochaines années, particulièrement pour les régions québécoises.
Responsabiliser les institutions
S’il est toujours nécessaire de procéder à une évaluation rigoureuse de la qualité de l’enseignement afin de garantir une formation collégiale de qualité sur l’ensemble du territoire québécois, comme le fait actuellement la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial, le maintien du diplôme d’études collégiales provincial devrait être questionné. Les cégeps gagneraient à faire varier leur offre de formation en pouvant décerner localement leur propre diplôme. À preuve, les rares initiatives locales de programmes innovateurs ont été couronnées de succès. Qu’on pense au programme d’art et technologie des médias au Cégep de Jonquière – qui attire chaque année des étudiants en région - ou aux programmes d’audioprothèse ou d’acupuncture au Collège de Rosemont à Montréal. En les habilitant à décerner leur propre diplôme, on donnerait l’incitation aux collèges de fournir un large éventail de formations diversifiées et originales, qui répondraient mieux aux besoins des étudiants; ce que ne fait pas l’actuel diplôme provincial.
Comme à l’université, il faudrait également considérer la possibilité d’imposer des droits de scolarité au niveau collégial. Puisqu’ils en récoltent les fruits plus que quiconque, notamment sous forme de salaires accrus après la diplomation, il est normal que les étudiants participent activement au financement de leur éducation. Qui plus est, l’arrivée de droits de scolarité au collégial donnerait aux étudiants une information sur la valeur des services d’éducation qu’ils reçoivent, en plus de les inciter à avoir une réflexion sérieuse sur leurs choix d’études et d’institution d’enseignement.
Les cégeps, et à plus forte raison les étudiants du réseau collégial, sortiraient gagnants d’une plus grande concurrence. Les institutions les plus performantes et celles qui offrent la meilleure formation verraient leurs efforts récompensés. Celles qui tirent de l’arrière pourraient apprendre de ces expériences et s’adapter en conséquence. À terme, c’est l’ensemble des Québécois qui bénéficieraient d’une meilleure formation et d’une préparation plus adéquate aux exigences du marché du travail.
Économiste à l’Institut économique de Montréal
Enseignant dans le réseau collégial de 2006 à 2007
Vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) en 1999-2000
Les temps ont bien changé depuis l’instauration du réseau collégial, en 1967. Alors que les cégeps ont bel et bien contribué à augmenter le niveau de scolarisation des Québécois, force est de constater qu’ils sont maintenant mal outillés pour faire face à la décroissance de leur clientèle et aux nouveaux besoins du marché du travail. Les débats entourant le Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial, tenu en 2004, n’avaient apporté que des modifications cosmétiques au fonctionnement du réseau collégial. Il semble désormais que le 40e anniversaire des cégeps soit le moment privilégié pour amorcer une réflexion constructive sur leur fonctionnement.
Qu’obtient-on en créant 48 institutions scolaires, dont plusieurs sont désormais vivotantes, disséminées sur le territoire québécois plus en fonction d’aléas politiques qu’en regard des besoins? En leur retirant ensuite la possibilité de se démarquer les unes des autres, tant par une offre de formation en pratique uniforme que par l’impossibilité d’imposer des droits de scolarité? On obtient les cégeps, qui sont plus que jamais confrontés au besoin d’une refonte majeure de leur mode de fonctionnement!
La plupart des collèges offrent les mêmes programmes – notamment sciences humaines et sciences de la nature au secteur préuniversitaire; techniques administratives et informatique au secteur technique – sans égard au nombre d’institutions qui se partagent le territoire. Comme le diplôme d’études collégiales est décerné uniformément par le ministre de l’Éducation, les collèges ne sont pas incités à développer des « créneaux de formation » pour se démarquer des autres institutions et attirer un plus grand nombre d’étudiants. Ils ne peuvent pas non plus se concurrencer par une variation des coûts de formation, puisqu’il leur est interdit d’imposer des droits de scolarité. Au cégep, on paie pour tout ce qui entoure l’enseignement, mais pas pour l’enseignement lui-même!
Parallèlement au manque de flexibilité auquel elles sont confrontées, les institutions collégiales se disputent une clientèle qui diminue d’année en années. De 2000 à 2005, la fréquentation des établissements collégiaux a diminué de 4 %. On prévoit que la situation ira en se détériorant pour les sept prochaines années, particulièrement pour les régions québécoises.
Responsabiliser les institutions
S’il est toujours nécessaire de procéder à une évaluation rigoureuse de la qualité de l’enseignement afin de garantir une formation collégiale de qualité sur l’ensemble du territoire québécois, comme le fait actuellement la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial, le maintien du diplôme d’études collégiales provincial devrait être questionné. Les cégeps gagneraient à faire varier leur offre de formation en pouvant décerner localement leur propre diplôme. À preuve, les rares initiatives locales de programmes innovateurs ont été couronnées de succès. Qu’on pense au programme d’art et technologie des médias au Cégep de Jonquière – qui attire chaque année des étudiants en région - ou aux programmes d’audioprothèse ou d’acupuncture au Collège de Rosemont à Montréal. En les habilitant à décerner leur propre diplôme, on donnerait l’incitation aux collèges de fournir un large éventail de formations diversifiées et originales, qui répondraient mieux aux besoins des étudiants; ce que ne fait pas l’actuel diplôme provincial.
Comme à l’université, il faudrait également considérer la possibilité d’imposer des droits de scolarité au niveau collégial. Puisqu’ils en récoltent les fruits plus que quiconque, notamment sous forme de salaires accrus après la diplomation, il est normal que les étudiants participent activement au financement de leur éducation. Qui plus est, l’arrivée de droits de scolarité au collégial donnerait aux étudiants une information sur la valeur des services d’éducation qu’ils reçoivent, en plus de les inciter à avoir une réflexion sérieuse sur leurs choix d’études et d’institution d’enseignement.
Les cégeps, et à plus forte raison les étudiants du réseau collégial, sortiraient gagnants d’une plus grande concurrence. Les institutions les plus performantes et celles qui offrent la meilleure formation verraient leurs efforts récompensés. Celles qui tirent de l’arrière pourraient apprendre de ces expériences et s’adapter en conséquence. À terme, c’est l’ensemble des Québécois qui bénéficieraient d’une meilleure formation et d’une préparation plus adéquate aux exigences du marché du travail.
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In this paper, published in Le Devoir and Le Soleil, I argue that we should consider a deep reform of the CEGEPS, the Quebec's mid-level postsecondary education institutions. As cegeps had helped to raise the overall schooling rate in Quebec since 1967, they are now ill-prepared to face a reduction in their population and new demands for education linked to the employment market. In practice, the cegeps cannot compete for the students since they are forbiden to charge tuition fees and they all offer the same basic educationnal programs. At the same time, they are sharing a smaller population of students.
I defend the view that we should take to immediate actions to allow more competition among cegeps. First, they should be able to deliver their own institutionnal diploma, in opposition to the actual provincial diploma delivered by the Minister for education on the behalf of the institutions. Second, we should allow cegeps to charge tuition fees and those fees should vary among institutions. This reform would result in more innovation, with the best institutions being granted more freedom and recognition and the other having to adapt to survive. Both students and Quebec province would benefit from higher standard of collegial education.
Thursday, August 09, 2007
De la transparence en santé | Transparency in Health Care
(texte publié dans La Presse du 9 août)
Mathieu LABERGE
Économiste à l’Institut économique de Montréal
Le comité Castonguay doit remettre son rapport cet automne. En attendant, un examen attentif des dépenses de santé au Québec nous permet d’affirmer que le secteur privé y occupe une place croissante. Sa part est passée de 20,3 % à 28,4 % depuis 25 ans. Avec l’adoption du projet de loi 33, on peut s’attendre que le privé occupe une place grandissante dans la prestation des services de santé à l’avenir. Celui-ci permet effectivement la création de cliniques médicales spécialisées privées, dont certaines auront pour mission de désengorger le réseau public de soins de santé.
L’ouverture récente de cliniques privées qui offrent des services de santé contre le paiement de « frais accessoires » rappelle toutefois à quel point la tentation est grande d’exploiter des zones grises de la législation pour élargir l’offre de service aux patients. Il est temps de cesser de jouer à l’autruche et de faire en sorte que ces pratiques se fassent en toute transparence.
Contrairement à la situation qui prévaut dans la plupart des pays de l’OCDE, tant le gouvernement du Québec que celui du Canada ont découragé l’imposition de frais aux usagers des soins de santé assurés par le régime public. Cependant, l’éventail des services assurés par celui-ci a évolué en réponse à plusieurs considérations, notamment les contraintes budgétaires, la vision des décideurs et les pressions de divers groupes d’intérêts. On n’a qu’à penser aux services optométriques ou à la physiothérapie qui ont été retirés de la couverture de l’assurance-maladie pour certains groupes d’âge.
Dans certains cas, des agences gouvernementales ont profité d’exceptions légales pour faire bénéficier leurs prestataires de services de santé plus rapides. C’est notamment le cas de la SAAQ et de la CSST qui ont envoyé des prestataires en pratique privée afin de réduire la période pendant laquelle ils leur versaient des indemnités de revenus. Bref, le gouvernement s’est en quelque sorte permis ce qu’il refuse à ses citoyens!
Une situation floue
Il en résulte une situation floue où la distinction entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas est ténue. La possibilité offerte aux usagers de payer pour obtenir des services de santé est une bonne chose, mais le climat dans lequel elle s’opère est malsain. Il ne peut que miner la confiance des patients dans le système de santé, tant public que privé. Seule la transparence de ces pratiques pourra contribuer à la crédibilité du système de santé.
On ne doit pas craindre la présence du secteur privé dans le système de santé, puisqu’il y a toujours apporté une contribution significative. Le gouvernement pourrait considérer des solutions nouvelles, rationnelles et cohérentes en taillant au secteur privé une place intelligente et flexible en santé. De plus en plus de Québécois y sont prêts : un sondage mené en septembre dernier par l’Institut économique de Montréal a révélé que 60 % des répondants accepteraient que l’État permette à ceux qui le souhaitent de payer pour obtenir des services de santé plus rapide.
Économiste à l’Institut économique de Montréal
Le comité Castonguay doit remettre son rapport cet automne. En attendant, un examen attentif des dépenses de santé au Québec nous permet d’affirmer que le secteur privé y occupe une place croissante. Sa part est passée de 20,3 % à 28,4 % depuis 25 ans. Avec l’adoption du projet de loi 33, on peut s’attendre que le privé occupe une place grandissante dans la prestation des services de santé à l’avenir. Celui-ci permet effectivement la création de cliniques médicales spécialisées privées, dont certaines auront pour mission de désengorger le réseau public de soins de santé.
L’ouverture récente de cliniques privées qui offrent des services de santé contre le paiement de « frais accessoires » rappelle toutefois à quel point la tentation est grande d’exploiter des zones grises de la législation pour élargir l’offre de service aux patients. Il est temps de cesser de jouer à l’autruche et de faire en sorte que ces pratiques se fassent en toute transparence.
Contrairement à la situation qui prévaut dans la plupart des pays de l’OCDE, tant le gouvernement du Québec que celui du Canada ont découragé l’imposition de frais aux usagers des soins de santé assurés par le régime public. Cependant, l’éventail des services assurés par celui-ci a évolué en réponse à plusieurs considérations, notamment les contraintes budgétaires, la vision des décideurs et les pressions de divers groupes d’intérêts. On n’a qu’à penser aux services optométriques ou à la physiothérapie qui ont été retirés de la couverture de l’assurance-maladie pour certains groupes d’âge.
Dans certains cas, des agences gouvernementales ont profité d’exceptions légales pour faire bénéficier leurs prestataires de services de santé plus rapides. C’est notamment le cas de la SAAQ et de la CSST qui ont envoyé des prestataires en pratique privée afin de réduire la période pendant laquelle ils leur versaient des indemnités de revenus. Bref, le gouvernement s’est en quelque sorte permis ce qu’il refuse à ses citoyens!
Une situation floue
Il en résulte une situation floue où la distinction entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas est ténue. La possibilité offerte aux usagers de payer pour obtenir des services de santé est une bonne chose, mais le climat dans lequel elle s’opère est malsain. Il ne peut que miner la confiance des patients dans le système de santé, tant public que privé. Seule la transparence de ces pratiques pourra contribuer à la crédibilité du système de santé.
On ne doit pas craindre la présence du secteur privé dans le système de santé, puisqu’il y a toujours apporté une contribution significative. Le gouvernement pourrait considérer des solutions nouvelles, rationnelles et cohérentes en taillant au secteur privé une place intelligente et flexible en santé. De plus en plus de Québécois y sont prêts : un sondage mené en septembre dernier par l’Institut économique de Montréal a révélé que 60 % des répondants accepteraient que l’État permette à ceux qui le souhaitent de payer pour obtenir des services de santé plus rapide.
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In this paper published in La Presse today, I argue that we should consider a larger place for the private sector in health care. As the Castonguay committee is expected to publish its report this automn and the Bill 33 has been adopted for a year now, we must stop to ignore that opportunity to give more choice to health care system's users.
A the moment, some fees are being charged for health care, many of them being legal, but there is still a room for interpretation and loophole allowing fees in the law. The government has to make the situation clearer and to favorize transparency about user fees for health, as well as to consider letting more place to the private sector. Quebecois are ready for it: a survey made on the account of the Montreal economic Institute showed last september than 60 % of them would accept thet the government allows those who want it, to pay for faster health care.
Saturday, August 04, 2007
Avec la mondialisation, l'accroissement du niveau de vie passe par la création de richesse
(Texte publié dans Le Devoir du 4 août)
Mathieu LABERGE
Économiste à l'Institut Économique de Montréal
Mathieu LABERGE
Économiste à l'Institut Économique de Montréal
(En réponse au texte de Mathieu Dufour «Produire avant de redistribuer. Combien de temps?» publié dans Le Devoir du 1er août 2007)
Dans un texte publié récemment dans ces pages, un chercheur du Centre canadien de politiques alternatives a remis en question la thèse de plus en plus admise qu'il est nécessaire de créer de la richesse collective avant de pouvoir la redistribuer vers les moins nantis de la société. Allant jusqu'à prétendre que les tenants de la création de richesse veulent que «les travailleurs redoublent d'ardeur sans qu'on leur donne rien en retour», il s'insurge contre le manque de volonté politique de redistribuer la richesse. Dans le contexte de mondialisation actuel, adopter une telle attitude est socialement et économiquement irresponsable. Elle mènerait le Québec dans une impasse.
S'il est vrai que la croissance du salaire horaire réel moyen au Canada n'a pas été aussi soutenue que celle de la productivité de la main-d'oeuvre, on ne peut pas se baser sur cet écart pour conclure que les travailleurs n'ont pas reçu les «fruits de la création de richesse des 30 dernières années». À cet effet, deux chercheurs du ministère des Finances du Canada ont relevé que cet écart ne s'est réellement accentué qu'à partir du milieu des années 1990. Lorsque la période de 1957 à 2001 est considérée, la croissance annuelle moyenne de la productivité de la main-d'oeuvre est de 1,85 % alors que celle des salaires horaires réels est de 1,8 %. Qui plus est, le Centre for the Study of Living Standards attribue 54 % de l'écart constaté par M. Dufour à la méthode utilisée pour standardiser ces deux mesures. Ainsi, plus de la moitié du phénomène sur lequel se base cet argumentaire serait dû à des méthodes statistiques différentes.
Autres sources de revenu
Il est par ailleurs réducteur de négliger l'ensemble des autres sources de revenus dont disposent les ménages. Une part du revenu des ménages provient des dividendes et de l'intérêt reçu à même leur fonds de retraite, leurs REER et leurs autres placements ainsi que des contributions de leur employeur à ceux-ci. Parce que ces placements sont notamment composés d'actions, les travailleurs sont propriétaires des entreprises et les profits de celles-ci constituent donc une source de revenu pour eux. Ainsi, le salaire horaire ne constitue qu'une partie du revenu des ménages et ne capte donc pas l'ensemble des sources de l'accroissement du niveau de vie des travailleurs.
Avec la mondialisation, le Québec a tout à perdre à adopter une attitude défensive uniquement axée sur la redistribution de la richesse. Il est illusoire de croire que les travailleurs qui oeuvrent dans les industries faisant face à la concurrence des entreprises chinoises et indiennes pourront encaisser le coup sans voir leurs conditions de travail affectées. Et si c'était justement l'accroissement de la productivité des travailleurs qui avait permis de maintenir les emplois québécois dans ces industries au prix d'un salaire moindre?
Au contraire, les Québécois ont tout à gagner à continuer de jouer le jeu de la mondialisation, c'est-à-dire à miser sur les secteurs de l'économie qui requièrent une main-d'oeuvre hautement qualifiée et productive où la rémunération horaire dépasse largement le salaire minimum. Des travailleurs mieux formés et compétents sont le gage d'un accroissement généralisé du niveau de vie. Pourquoi se borner à redistribuer à un grand nombre une petite part de notre richesse collective alors que nous avons la capacité d'accroître cette richesse pour en faire profiter ceux qui en ont le plus besoin? Le défi de la redistribution réside dans notre capacité de faire en sorte que de moins en moins de nos concitoyens aient besoin du soutien public. Ce ne sera possible que s'ils ont accès à une formation et à des emplois de qualité.
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In this paper answer to a paper published earlier last week by Le Devoir. I argue that Quebec cannot afford to pursue only redistributive policies in the context of globalisation. I defend the point that wealth generation is the key to better public policies and therefore, that Quebecois must have access to a good education and good, skilled, jobs.
Références économiques | Economics references
Une lectrice de ce blog, Sophie (soyez bien assurée que je suis désolé de mon délai de réponse), m'a demandé de poster des références économiques que je jugeais intéressantes. En voici donc quelques-unes:
A reader of this blog, Sophie, asked me to post some economics references I consider relevant. Here are some of them:
Les incontournables:
1- La revue The Economist. À lire religieusement toutes les semaines! Elle fourni une analyse de la rationnalité économique derrière plusieurs sujets de nature non économique. La version en ligne n'est pas exhaustive, aussi je recommande d'essayer de mettre la main sur la version papier.
2- Le blog de Gary Becker et de Richard Posner. Gary Becker a gagné le prix nobel d'économie. Il discute dans ce blog des incitatifs économiques derrière plusieurs sujets d'actualité. Le juge Richard Posner fait de même. Très intéressant et un bon niveau d'interactivité...
3- Le site du Quotidien de Statistique Canada. Statcan y publie tous les communiqués sur les nouvelles parutions. Souvent des séries statistiques, mais si on le suit assiduement, on peut y trouver des perles d'études.
4- Le moteur de recherche Repec-Ideas. Contient des liens vers plusieurs documents universitaires, articles académiques et working papers sur une panoplie de sujets de nature économiques. Les articles sont parfois de haut niveau de formalisation mathématique. À consulter pour des sujets précis.
Les lectures légères mais fondamentales (la plupart sont disponibles à la Librairie UdeM ou chez Olivieri)
1- Economics of Life, de Gary Becker
2- Freakeconomics, de Steven Levitt
Ce sont deux livres qui s'attaquent à des sujets légers (la lutte sumo, le sport, etc.) et en font ressortir le rationel économics dans de très courts textes. Chacuns se lit en une fin de semaine...
3- La grande désillusion, de Joseph Stiglitz.
A reader of this blog, Sophie, asked me to post some economics references I consider relevant. Here are some of them:
Les incontournables:
1- La revue The Economist. À lire religieusement toutes les semaines! Elle fourni une analyse de la rationnalité économique derrière plusieurs sujets de nature non économique. La version en ligne n'est pas exhaustive, aussi je recommande d'essayer de mettre la main sur la version papier.
2- Le blog de Gary Becker et de Richard Posner. Gary Becker a gagné le prix nobel d'économie. Il discute dans ce blog des incitatifs économiques derrière plusieurs sujets d'actualité. Le juge Richard Posner fait de même. Très intéressant et un bon niveau d'interactivité...
3- Le site du Quotidien de Statistique Canada. Statcan y publie tous les communiqués sur les nouvelles parutions. Souvent des séries statistiques, mais si on le suit assiduement, on peut y trouver des perles d'études.
4- Le moteur de recherche Repec-Ideas. Contient des liens vers plusieurs documents universitaires, articles académiques et working papers sur une panoplie de sujets de nature économiques. Les articles sont parfois de haut niveau de formalisation mathématique. À consulter pour des sujets précis.
Les lectures légères mais fondamentales (la plupart sont disponibles à la Librairie UdeM ou chez Olivieri)
1- Economics of Life, de Gary Becker
2- Freakeconomics, de Steven Levitt
Ce sont deux livres qui s'attaquent à des sujets légers (la lutte sumo, le sport, etc.) et en font ressortir le rationel économics dans de très courts textes. Chacuns se lit en une fin de semaine...
3- La grande désillusion, de Joseph Stiglitz.
Un livre qui couvre l'aspect le moins glorieux des politiques de la Banque Mondiale et du FMI, par un ancien de la Banque Mondiale... Il faut garder cela en tête et ête conscient qu'il s'agit d'un point de vue controversé parmi les économistes. Stiglitz a également gagné le prix nobel d'économie et a publié d'autres ouvrages, mais celui-ci est probablement son meilleur.
Les livres plus spécialisés:
1- La collection De Boeck. Des briques de plusieurs centaines de pages dont le prix est assez élevé mais dont le niveau de formalisation mathématique correspond au milieu de formation de premier cycle universitaire. Je suggère particulièrement Introduction à la microéconomie (de H.R. Varian). L'équivalent existe aussi pour la macroéconomie. Ils sont à lire dans cet ordre, puisque la fondation microéconomique de la macro le requiert. De Boeck présente également un très bon ouvrage d'économie internationale
2- Introductory econometrics de Jeffrey M. Wooldridge (pour les freak de traitement mathématique). Un bon livre pour aborder l'économétrie...
3- The Economics of information, de Ian Molho. Pour comprendre les incitations économiques, les intéractions stratégiques, etc.
4- The Economics of the Trade Unions, de Alison L. Booth, pour formaliser le comportement économique des syndicats.
5- Le site web de la Canadian Tax Foundation pour les questions de fiscalité. Je recommande particulièrement leur Canadian Tax Paper #103 (Canadian Tax Policy de Boadway et Kitchen) comme première lecture sur le système de taxation canadien et les principes de taxation.
6- Le site du Centre Interuniversitaire en Analyse des organisations (CIRANO), particulièrement les ouvrages de la série "Rapports Bourgognes" qui sont des documents faciles à lire sur une panoplie de sujets en politiques publiques. Le site contient également des rapports de recherche plus formalisés du point de vue mathématique.
À titre plus personnel, puisque j'y travaille (!), je recommande la lecture des Notes Économiques de l'Institut Économique de Montréal qui sont en fait des policy briefs: de courts ouvrages qui présentent des propositions de politiques publiques pour répondre à des problèmes. De courts textes (4 pages), dont la principale qualité est de présenter un tour d'horizon des problématiques abordées avec un souci de vulgarisation et un niveau de formalisation adapté à une clientèle de lecteurs de tous horizons.
Alors voilà! J'imagine que c'est un bon début qui couvre les degrés de formalisation de base en économie... S'il y a des lecteurs parmi vous qui souhaitent des références sur des sujets précs que je n'ai pas abordé ou des ouvrages avec un degré de formalisation plus poussé, écrivez moi et il me fera plaisir de vous répondre (dans les meilleurs délais possibles...)
Alors voilà! J'imagine que c'est un bon début qui couvre les degrés de formalisation de base en économie... S'il y a des lecteurs parmi vous qui souhaitent des références sur des sujets précs que je n'ai pas abordé ou des ouvrages avec un degré de formalisation plus poussé, écrivez moi et il me fera plaisir de vous répondre (dans les meilleurs délais possibles...)
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