Monday, September 19, 2005

Réponse aux commentaires de "Sur la trace de Tony Blair"

Je tiens d'abord à remercier les personnes qui ont pris le temps de venir écrire un commentaire sur le blog au sujet de mon dernier papier publié dans La Presse de samedi le 17 septembre. J'ai d'ailleurs été surpris par le caractère très souvent positif des commentaires. Également, la modération des critiques m'a agréablement surprise. Une nouvelle preuve que les Québécoises et les Québécois sont ouverts à des débats modérés et éclairant, contrairement à la plupart de leurs élus syndicaux ou à l'Assemblée Nationale!
Vous trouverez mes réactions aux commentaires dans les prochaines lignes, de généraux à spécifiques. Vos commentaires me font progresser dans ma réflexion sur le Québec, son état et son avenir. N'hésitez pas à y ajouter votre grain de sel, positif ou critique, ce sera très apprécié!
Un commentaire général, d'abord. Contrairement à ce que je comprends des commentaires en accord avec l'opinion que j'ai publié, je ne crois pas que le Québec courre à sa perte à l'heure actuelle. Plusieurs faisaient d'ailleurs référence aux "paradigmes dépassés des années 1960 et 1970" ou à une "république de banane". Il y a un an, j'aurais probablement partagé votre point de vue. Néanmoins, à mon retour au Québec (il y a une semaine) j'ai constaté rapidement que certaines voix commençaient à s'élever contre les dogmes de la "sociale-démocracie" à la québécoise. Les critiques que j'ai entendu étaient même généralement constructives, très loin du "union bashing" derrière lequel les syndicats se réfugient pour justifier leur immobilisme. Bref, en un an, le Québec à indéniablement progressé à ce niveau. Si le progrès en matière du clivage gauche/droite se maintient, on pourrait voir un changement d'attitude des politiciens à moyen terme. À n'en pas douter, la prochaine élection devrait être un point tournant à ce chapitre.
Monsieur Piché écrit que les syndicats représentent plus de personnes que leurs leaders. Vous avez tout à fait raison. Mais en admettant que le nombre de membres que vous mettez de l'avant (450 000 dans les secteur publics et parapublics) soit exact, il n'en demeure pas moins que ce n'est qu'un seizième de la population québécoise! Est-ce suffisant pour justifier un pouvoir politique tel que celui dont la CSN, la FTQ et la CSQ disposent? J'en doute.
D'autre part, vous avancez que le fonctionnement des syndicat demeure souvent inconnu, en faisant probablement référence à leur structure démocratique. Étant issu du mouvement étudiant modéré, qui présente beaucoup de similitudes avec le mouvement syndical, je comprends où vous voulez en venir. S'il est vrai que certains mandats partent des Assemblées générales syndicales (au niveau local) pour ensuite être reprise par "l'establishment" national, il faut reconnaître que beaucoup de "commandes" font également le chemin inverse: de l'establishment vers les syndiqués. Nier cet état des choses relèverait d'un vision idéalisée du syndicalisme!
Monsieur Couture fait valoir que les syndicats ne sont pas responsables de tous les maux... avec raison! Vous remarquerez d'ailleurs que dans l'article, je ne demande jamais aux syndicats de reculer et de refuser l'influence qu'on leur laisse... Ça équivaudrait à demander aux leaders syndicaux de ne pas être humains! Je comprends d'ailleurs que certains puissent voir une utilité aux groupements syndicaux lorsqu'il est question de relations de travail. Néanmoins, je crois qu'il est maintenant temps pour les syndicats de mener une importante analyse introspective et de reconnaître que leur champs d'action sont les relations de travail et pas nécessairement tous les débats sociaux! En Angleterre, quand j'ai entendu Claudette Carbonneau se prononcer sur le lieu du futur CHUM, je me suis étouffé dans mon café!
Je crois d'ailleurs que ceux qui ont à agir sont les élus de l'Assemblée Nationale. Ils doivent se poser en tant "qu'idéateurs" de la société québécoise. Un tel mouvement demandera à un véritable leader de prendre action pour réaffirmer le rôle du gouvernement et des élus... au détriment de tout l'espace politique occupé par les syndicats à l'heure actuelle. Est-ce que ce leader est Jean Charest? On peut se le demander. Chose certaine, il a une fenêtre d'opportunité cet automne.
Finalement, Monsieur Mireault fait valoir qu'il a apprécié le caractère concret de ma chronique en la comparant avec celle de la semaine précédente. Je crois que vous jugez très sévèrement le texte de mon collègue, Stéphane Kelly. En fait je crois que la force principale de la chronique "Québec grand angle" est la diversité des opinions et des styles de ses différents auteurs. Individuellement, nous sommes bien peu de choses alors que collectivement, je suis persuadé que les points de vues présentés permettront d'apprécier la diversité québécoise.
Je partage généralement votre point du vue sur la taille de l'État. Avec raison, vous faites valoir qu'au Québec cette vision des choses est souvent taxée de "droitiste". Mais je crois réellement qu'il faut remettre les choses en perspective. Le concept droite/gauche est hautement relatif: une personne de centre-droit au Québec serait jugée de droite en France, de centre-gauche au Royaume-Uni et probablement carrément de gauche aux États-Unis! D'ailleurs, merci pour vos souhaits de bon courage... vous serez rassuré de savoir que je ne me préoccupe que très peu des étiquettes qu'on m'accole!

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