Wednesday, November 23, 2005

Réponse à "Exit le souverainisme adolescent"

Plusieurs réponses me trottent en tête quand je lis les critiques, positives comme négatives, à mon dernier texte sur les caribous péquistes...
Je crois que plusieurs, dont mon ami Mathieu Bock-Côté, ont mal compris l'objectif du texte, son idée fondamentale. Parler comme Mathieu, ou encore comme ce Monsieur Dubreuil, de "purge" ou de "clouer le bec" aux purs et durs relève soit de la mauvaise foi, soit de l'erreur de lecture. L'appel que je faisais au prochain chef du PQ (maintenant, que nous le savons, à André Boisclair) était de les remettre à leur place... pas à les excommunier ou à entâmer une chasse aux sorcières! N'ai-je pas justement écrit (je ne cite pas littéralement, mais en essence): "que les radicaux du PQ expriment leur opinion, cela va de soi. Mais qu'il imposent leurs pensée, marginalise ceux qui s'y opposent et osent sortir du cadre dogmatique établi, plus jamais!" C'étaient les deux dernières phrases de mon texte!
Je leur reconnaît certes une légitimité, celle qui revient à leur représentativité au sein du PQ. La dernière course à la chefferie est éloquente à cet égard! Premièrement, les quatre candidats les plus radicaux qui ont terminé la courses, associés plus de près que de loin à nos chers caribous, ont recueilli conjointement moin de 5% du vote! Leur élément le plus populaire, le candidat Dubuc, a obtenu à peine 1.4% des suffrages! Est-il normal, alors, que les pensées de ces éléments radicaux occupent l'espace médiatique à ce point? N'est-ce pas prendre le PQ en otage que de crier jusqu'à ce que le commun des mortels pensent que le point de vu des radicaux est le point de vu largement répandu au PQ? Moins de 5% des votes: collectivement, ils ne passaient pas au second tour... pensez-y!
Finalement, on me reproche d'utiliser des mots durs, d'y aller fort. C'est vrai! Mais chacun des mots de ma chronique a été soigneusement choisi pour refléter ma pensée. Je n'en retire aucun. Si je reconnais le droit aux purs et durs de s'exprimer et de faire valoir leur point de vue, j'aimerais bien qu'ils fassent de même!
Je vous conseille par ailleurs de visiter ces quelques sites qui abordent, soit un sujte connexe à ma chronique, soit la chronique elle-même:
Spécialement pour ceux qui croient que je souhaite une purge (ce qui est faux! n'est-ce pas Mathieu ;) ) Il s'agit d'un texte du Devoir qui parles de la course. Portez une attention particulière aux propos de l'ancien président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO), M. Seymour, qui tient essentiellement le même propos que moi.
La réponse des éditions du Québécois. Pas grand chose à redire: la tactique habituelle... on attaque le messager à grands coups de réthorique. Semblerait-il que je serais un adolescent politique pour avoir osé remettre en question leur vérité dogmatique. En passant, Messieurs du Québécois, il est grand temps de réapprendre à lire: ce n'est pas La Presse qui vous traite d'ethnocentristes, c'est Mathieu Laberge ;)
Le forum de discussion des Cowboys Fringants. Un baume dans un monde d'idiotie! Allez lire les commentaires sur la chronique, ça rassure sur l'avenir!
Quelques commentaires plus spécifiques aux débat du blog:
"Ces médias donnent une place à des tendances réelles au sein de la société qui sont plus à gauche, plus nationaliste et moins multiculturaliste. Ces tendances sont là pour durer. Le chef qui voudrait s'en débarasser couperait définitivement le PQ de sa base populaire."
Allez relire le paragraphe sur le score des candidats radicaux dans la course à la chefferie et relisez votre commentaire... Aucun autre commentaire de ma part!
"Quant à l'idée que ces journaux seraient habités par la "haine", il me semble que le mot "rage" serait plus juste. La différence? La haine concerne "ce qu'est" l'autre, la rage concerne "ce qu'il fait". "
Dans le livre des éditions le Québécois auquel je faisais référence, Pierre Falardeau parlais de défaire le cadavre de Ryan (Claude) à la chainsaw... Il ne parlais pas de ce qu'il faisait. Au récent congrès du BQ, Yvan Loubier aurait (remarquer le conditionnel, c'est un fait rapporté; je n'y était pas moi-même) prétendu que la souveraineté nous permettrait de nous débarraser des Dion, Pettigrew, etc... Jamais ces deux illustres penseurs (sic) de la société québécois n'ont mentionné ce que leurs ennemis ont fait... Je continuerai donc à parler de haine et non de rage, désolé pour le rejet de votre proposition!
"J'aimerais cependant que M. Mireault précise pourquoi le terme "Canadian" démontre un mépris pour les Francophones hors-Quebec, alors que les Anglos-Canadiens (surtout lorsqu'ils sont progressistes et de gauche) aiment utiliser le terme "Québec" ou "Québécois" (lorsqu'ils écrivent en anglais)."
Ça m'enrage quand les canadiens anglais nous appellent quebecers... alors que les britanniques n'ont aucun mal à prononcer Québécois! Est-ce pour cela que je vais les appeler "canadians"? Pas du tout! Ma mère m'a toujours dit de pas faire subir aux autres un sort que je ne voudrais pas subir... Je crois que ça a toujours du bon sens!
"Sur les racistes parmi nos adversaires fédéralistes, j'en conviens, ils en ont quelques-uns, tout comme nous. Mais ils ne sont pas plus ni moins racistes ou xénophobes que nous. Je voudrais bien qu'on arrive à sortir de nos attitudes qui prétendent au monopole de la vertu."
Bien vu! Tout à fait d'accord!!
"Croyez-vous que ces gens-là donnent une image juste de militants en faveur «d'un État-nation qui arrive à maturité»?! Moi j'en doute fort, à voir ces gens jouer les guerilleros de pacotille qui se croient encore dans la bataille de la Conquête ou dans les rébellions de 1837. "
Encore une fois, je partage votre point de vue... d'où le titre de l'article!

Saturday, November 12, 2005

Exit le souverainisme adolescent

Qui que ce soit, le prochain chef du PQ devra mettre fin à la prise d’otage idéologique dont ce parti est victime

Mathieu Laberge
Détenteur d’une maîtrise en économie de l’Université de Nottingham, en Angleterre, et ancien vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec.



Qu’on les appelle « purs et durs », « ceintures fléchées » ou « ayatollahs », Bernard Landry leur a laissé trop de place au cours de son mandat. Comme l’a très justement rappelé Daniel Laprès dans cette chronique, la frange la plus radicale du Parti Québécois a continué de déverser son fiel tout au long du règne de l’ancien chef, notamment par l’entremise des Éditions du Québécois, et ce avec l’appui tacite de plusieurs députés péquistes qui ont acheté de la publicité dans leurs publications. Pis encore, ils ont reçu la caution explicite de Jacques Parizeau et de Bernard Landry qui y ont signé des textes. Dans les semaines qui suivront son élection, le prochain chef péquiste devra mettre au pas les éléments les plus radicaux de son parti de sorte à briser le carcan de terrorisme intellectuel qui prévaut actuellement au PQ.

Premiers à mettre au ban Jean Charest pour sa remise en question de l’héritage de la révolution tranquille aux élections générales de 1998, les indépendantistes « purs et durs » ne se sont même pas rendus compte qu’ils étaient eux-mêmes avant-gardistes en matière de négation du « modèle québécois ». D’abord parce qu’en se livrant à des attaques acharnées visant à décrédibiliser les messagers d’idées contraires aux leurs plutôt qu’en débattant civilement sur le fond, ils ont trahi l’héritage démocrate et humaniste des fondateurs du Parti Québécois.

Plus fondamentalement, en refusant de reconnaître que le Québec a des traditions sociales, politiques et culturelles intimement liés à la présence britannique sur son territoire, ils ont rejeté du revers de la main un pan complet des manières de vivre et d’être de leurs concitoyens. Les institutions politiques, juridiques et administratives de chaque pays façonnent le quotidien des citoyens en définissant les fondements de leurs interactions sociales et des us et coutumes qui les régissent. Contrairement au Québec, la façon d’interagir des Américains repose largement sur les arbitrages des tribunaux : le nombre de poursuites dans le domaine médical et contre des personnalités publiques en fait foi. Ce comportement tient sa source dans l’organisation politique de nos voisins du Sud – George Bush n’a-t-il pas été « élu » par la Cour Suprême lors de son premier mandat?

En affirmant à tout prix que « L’atteinte de l’idéal républicain en sera la préoccupation fondamentale [du Québec souverain]
[1]», notamment en favorisant un mode de scrutin et un régime politique qui n’ont aucun lien avec les traditions québécoises, le Parti Québécois renie l’héritage politique qui forge la structure de pensée et la façon d’aborder le quotidien propre aux Québécois. Ce climat de négation de l’héritage anglo-saxon du Québec se traduit également chez les radicaux par une obsession sociale-démocrate surannée et par l’expression d’un ethnocentrisme qui n’a plus rien en commun avec le vécu de la plupart des Québécois.

Contrairement au message véhiculé par les « purs et durs », reconnaître volontiers l’impact qu’on eu les Anglais sur le Québec moderne n’est pas un acte de haute trahison envers l’éventuel pays, ni même de mercenariat; c’est accepter le modèle québécois dans son intégralité. Il est grand temps de mettre un terme au souverainisme adolescent caractérisé par la révolte face au passé et le rejet de la différence. Le mouvement souverainiste doit désormais miser sur une vision de la souveraineté enracinée dans le présent : une souveraineté interculturelle, humaniste et qui sait conjuguer avec « lucidité » impératifs économiques et équité sociale. La souveraineté doit d’abord et avant tout servir les aspirations futures de la population québécoise et non les ressentiments, vieux de 300 ans, d’une frange d’indépendantistes revanchards.

Bref, en tant que chef de file de l’option souverainiste, le prochain chef du Parti Québécois sera confronté très tôt à une croisée des chemins des plus importante. Il devra choisir entre gérer la décroissance ou le retour en force de son parti. S’il veut vraiment recréer la coalition souverainiste de tous horizons qui existait autrefois au sein du PQ, et possiblement remporter les élections, il devra nécessairement se donner comme premier mandat l’élargissement du spectre idéologique péquiste. Que la frange plus militante du PQ exprime ses idées, cela va de soi. Mais qu’elle monopolise les débats, impose une pensée unique et marginalise quiconque ose sortir du cadre dogmatique prescrit : plus jamais!


QU'EN PENSEZ-VOUS??
forum@lapresse.ca


[1] Un projet de pays, programme du Parti Québécois, disponible à :

Monday, November 07, 2005

Des suites à mes chroniques du "Québec Grand Angle"

Loin de moi l'idée de faire triomphaliste. Personnellement, je déteste le fameux "j'te l'avais ben dit!" En fait, les deux événements que je vais rapporté appuient très éloquemment les propos que j'ai tenu dans mes chroniques précédentes du "Québec Grand Angle" dans La Presse mais on aurait bien pu s'en passer! Je me permet donc de relater deux événements de l'actualité récente, question de faire réfléchir sur les enjeux abordés dans la chronique. Donc, en y allant en ordre chronologique de publication:
Sur la trace de Tony Blair (17-09-2005)
Dans cette chronique du 17 septembre, je déplorais le rôle de gouvernement parallèle que c'étaient donné les syndicats depuis quelques années au Québec. Comme pour me donner raison, voici que Henri Massé, président de la FTQ, s'est imissé sans aucune gène dans la course à la direction du PQ! En gros, Henri Massé a dit: "Nous, à la FTQ, on reste neutre mais maudit qu'on aime Boisclair! Mais on est neutre, là! Mais si je pouvais le dire ouvertement, j'appuierais Boisclair." Pour les personnes intéressées à obtenir de l'information de première main, suivez ce lien.
Imaginez! Non seulement ces omniscients syndicalistes ne se contentent-ils plus d'intervenir sur tous les sujets d'actualité, même ceux hors du champ de compétence l'emploi, mais ils se permettent maintenant de faire de la politique partisanne!
Aujourd'hui, être un syndiqué FTQ, je remettrais en cause la légitimité de mon représentant! Jamais je ne croirai qu'il n'y a que des péquistes à la FTQ! Les syndiqués FTQ qui adhèrent aux idées du PLQ doivent définitivement se sentir trahis et mal représentés! Qui plus est, on peut douter que cette position n'émane d'une instance officielle de la FTQ.
En quoi une élection partisanne concerne-t-elle un chef syndical national?! Pourquoi un chef syndical EN FONCTION, qui aura nécessairement à négocier et à entretenir des liens avec TOUS les partis politiques, se permet-il d'aller au-delà des mandats issus de ses membres pour prendre une part très active dans un débat essentiellement partisan? Monsieur Massé a-t-il sa carte du PQ? On doit désormais questionner la crédibilité de Monsieur Massé et certains de ses membres devraient penser à lui demander des comptes...
Bref, un autre bel exemple de leader syndical qui devrait peut-être se concentrer sur les débats politiques qui touchent directement et universellement ses membres et se mêler de ses affaires autrement...
Tolérance à deux vitesses (15-10-2005)
Dans cette chronique du 15 octobre, j'avançais que le Québec était à l'avant-garde en matière de politiques d'intégration culturelle. Je défendais également la thèse que les pays européens, la France en tête, se dirigeaient droit vers des problèmes marqués de relations interculturelles.
Malheureusement, les événements des derniers jours semblent confirmer mon analyse... Les dernières émeutes dans les quartiers "ethniques" de Paris semblent confirmer l'échec des politiques d'intégration du gouvernement français. Il faut croire que la France devrait s'inspirer des initiatives du Québec en la matière afin d'éviter ce genre de débordements dans le futur.

Wednesday, November 02, 2005

Pour un Québec lucide

Enfin un collectif de personnes influentes on osé dire tout haut ce que plusieurs pensent tout bas depuis très longtemps! Ceux qu'on appelle désormais "les lucides" (parmi lesquels on compte Joseph Facal, Claude Montmarquette, André Pratte et Lucien Bouchard) ont publié un manifeste qui ramène un peu de perspective dans les débats publics du Québec! Leurs constats sont connus depuis belle lurette: depuis la fin des années 1990, on est bien conscient que la situation démographique du Québec n'est pas rose à moyen terme et que cela aura une influence certaine sur les finances publiques. Une fois cela dit, plusieurs ont proposé diverses solutions, mais aucune n'a été mise en pratique... probablement par manque de cohésion. Voilà donc que les lucides ont accompli cette tâche qui, pour l'essentiel, avait déjà été fait mais n'avait jamais été présenté comme un tout cohérent. Les constats et les propositions en ressortent avec une crédibilité accrue, d'autant plus que les 12 sont des personnages connus, appréciés et respectés du Québec.

Mais voilà, hélas! les opposants naturels aux nouvelles idées que sont les groupes militants et syndicaux du Québec ont usé de leur tactique préférée: celle du moindre effort. Quand le message s'avère difficile à réfuter, ils attaquent les messagers. Ainsi, on a eu droit au déferlement habituel d'ineptie et d'insultes à l'intelligence humaine. Jusqu'à Martineau, le franc tireur, qui a relevé toutes les actions passées des signataires qui pouvaient venir en contradiction avec leurs propositions! Étonnamment, c'est le groupe de Françoise David et consorts qui a réagit avec le plus de dignité dans l'affaire: en publiant un "contre-manifeste" qui expose leurs solutions aux constats des lucides.

Ils se sont nommés les "solidaires" et sont revenus avec la rangainne habituelle, certe, mais ils ont au moins eu le courage de contre-proposer. Car c'est bien de cela dont il est question ici. Les constats sont alarmants et reconnus de tous, à moins de porter des lunettes roses incassables! Par contre, la discussion est maintenant lancée sur les solutions à apporter. Je suis en total accord avec celles proposées par les "lucides", mais je comprends qu'on puisse vouloir en débattre.

Ainsi, je me permettrai un commentaire sur le contre-manifeste. La proposition des "solidaires" qui m'a réellement fait sortir de mes gonds est celle qui minimise l'impact de la dette publique du Québec. Essentiellement, les "solidaires" prétendent que la dette n'est pas une mauvaise chose en soit. Vrai!... Quand elle a une contrepartie en infrastructures et en immobilisations, des routes, des écoles, des barrages par exemple. Le problème du Québec, c'est que pendant trop longtemps, on s'est endetté pour payer "l'épicerie": les fonds de pension, le filet social et autres mesures louables... quand on en a les moyens. Bref, le Québec a vécu au dessus de ses moyens pendant plusieurs années, sans se soucier de l'impact sur les générations futures.

Je crois qu'affirmer que la dette du Québec n'est pas une mauvaise chose est faire preuve de déconnection et d'injustice flagrante! Les "solidaires" proposent de continuer la spirale de l'endettement au nom de la justice sociale envers les plus démunis. Est-ce que la justice sociale immédiate justifie une injustice intergénérationnelle? Car la dette d'aujourd'hui ce sont les générations futures qui la paieront! Bref, au nom de justice sociale parmi les baby boomers, on appauvri les générations futures! C'est absurde!

On nous dit: "mais vous n'aurez qu'à continuer à bénéficier des mêmes service que nous avons actuellement. Nous sommes des précurseurs de la justice sociale!" Je réponds: "Bien... mais à quel prix?" Comme contribuable et comme être humain, je n'accepterais jamais que mes enfants et mes petits enfants paient parce que j'ai perpétué un rythme de vie insoutenable. Pourquoi une société devrait-elle l'accepter?

En fait, c'est un bien beau débat, sain et nécessaire, qu'ont lancé les "lucides". Les "solidaires" y ont répondu avec des solutions utopiques, mais au moins avec un désir de débattre et non de détruire. Reste maintenant à voir où cela mènera le Québec à moyen terme!