Qui que ce soit, le prochain chef du PQ devra mettre fin à la prise d’otage idéologique dont ce parti est victime
Mathieu Laberge
Détenteur d’une maîtrise en économie de l’Université de Nottingham, en Angleterre, et ancien vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec.
Qu’on les appelle « purs et durs », « ceintures fléchées » ou « ayatollahs », Bernard Landry leur a laissé trop de place au cours de son mandat. Comme l’a très justement rappelé Daniel Laprès dans cette chronique, la frange la plus radicale du Parti Québécois a continué de déverser son fiel tout au long du règne de l’ancien chef, notamment par l’entremise des Éditions du Québécois, et ce avec l’appui tacite de plusieurs députés péquistes qui ont acheté de la publicité dans leurs publications. Pis encore, ils ont reçu la caution explicite de Jacques Parizeau et de Bernard Landry qui y ont signé des textes. Dans les semaines qui suivront son élection, le prochain chef péquiste devra mettre au pas les éléments les plus radicaux de son parti de sorte à briser le carcan de terrorisme intellectuel qui prévaut actuellement au PQ.
Premiers à mettre au ban Jean Charest pour sa remise en question de l’héritage de la révolution tranquille aux élections générales de 1998, les indépendantistes « purs et durs » ne se sont même pas rendus compte qu’ils étaient eux-mêmes avant-gardistes en matière de négation du « modèle québécois ». D’abord parce qu’en se livrant à des attaques acharnées visant à décrédibiliser les messagers d’idées contraires aux leurs plutôt qu’en débattant civilement sur le fond, ils ont trahi l’héritage démocrate et humaniste des fondateurs du Parti Québécois.
Plus fondamentalement, en refusant de reconnaître que le Québec a des traditions sociales, politiques et culturelles intimement liés à la présence britannique sur son territoire, ils ont rejeté du revers de la main un pan complet des manières de vivre et d’être de leurs concitoyens. Les institutions politiques, juridiques et administratives de chaque pays façonnent le quotidien des citoyens en définissant les fondements de leurs interactions sociales et des us et coutumes qui les régissent. Contrairement au Québec, la façon d’interagir des Américains repose largement sur les arbitrages des tribunaux : le nombre de poursuites dans le domaine médical et contre des personnalités publiques en fait foi. Ce comportement tient sa source dans l’organisation politique de nos voisins du Sud – George Bush n’a-t-il pas été « élu » par la Cour Suprême lors de son premier mandat?
En affirmant à tout prix que « L’atteinte de l’idéal républicain en sera la préoccupation fondamentale [du Québec souverain] [1]», notamment en favorisant un mode de scrutin et un régime politique qui n’ont aucun lien avec les traditions québécoises, le Parti Québécois renie l’héritage politique qui forge la structure de pensée et la façon d’aborder le quotidien propre aux Québécois. Ce climat de négation de l’héritage anglo-saxon du Québec se traduit également chez les radicaux par une obsession sociale-démocrate surannée et par l’expression d’un ethnocentrisme qui n’a plus rien en commun avec le vécu de la plupart des Québécois.
Contrairement au message véhiculé par les « purs et durs », reconnaître volontiers l’impact qu’on eu les Anglais sur le Québec moderne n’est pas un acte de haute trahison envers l’éventuel pays, ni même de mercenariat; c’est accepter le modèle québécois dans son intégralité. Il est grand temps de mettre un terme au souverainisme adolescent caractérisé par la révolte face au passé et le rejet de la différence. Le mouvement souverainiste doit désormais miser sur une vision de la souveraineté enracinée dans le présent : une souveraineté interculturelle, humaniste et qui sait conjuguer avec « lucidité » impératifs économiques et équité sociale. La souveraineté doit d’abord et avant tout servir les aspirations futures de la population québécoise et non les ressentiments, vieux de 300 ans, d’une frange d’indépendantistes revanchards.
Bref, en tant que chef de file de l’option souverainiste, le prochain chef du Parti Québécois sera confronté très tôt à une croisée des chemins des plus importante. Il devra choisir entre gérer la décroissance ou le retour en force de son parti. S’il veut vraiment recréer la coalition souverainiste de tous horizons qui existait autrefois au sein du PQ, et possiblement remporter les élections, il devra nécessairement se donner comme premier mandat l’élargissement du spectre idéologique péquiste. Que la frange plus militante du PQ exprime ses idées, cela va de soi. Mais qu’elle monopolise les débats, impose une pensée unique et marginalise quiconque ose sortir du cadre dogmatique prescrit : plus jamais!
QU'EN PENSEZ-VOUS??
Mathieu Laberge
Détenteur d’une maîtrise en économie de l’Université de Nottingham, en Angleterre, et ancien vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec.
Qu’on les appelle « purs et durs », « ceintures fléchées » ou « ayatollahs », Bernard Landry leur a laissé trop de place au cours de son mandat. Comme l’a très justement rappelé Daniel Laprès dans cette chronique, la frange la plus radicale du Parti Québécois a continué de déverser son fiel tout au long du règne de l’ancien chef, notamment par l’entremise des Éditions du Québécois, et ce avec l’appui tacite de plusieurs députés péquistes qui ont acheté de la publicité dans leurs publications. Pis encore, ils ont reçu la caution explicite de Jacques Parizeau et de Bernard Landry qui y ont signé des textes. Dans les semaines qui suivront son élection, le prochain chef péquiste devra mettre au pas les éléments les plus radicaux de son parti de sorte à briser le carcan de terrorisme intellectuel qui prévaut actuellement au PQ.
Premiers à mettre au ban Jean Charest pour sa remise en question de l’héritage de la révolution tranquille aux élections générales de 1998, les indépendantistes « purs et durs » ne se sont même pas rendus compte qu’ils étaient eux-mêmes avant-gardistes en matière de négation du « modèle québécois ». D’abord parce qu’en se livrant à des attaques acharnées visant à décrédibiliser les messagers d’idées contraires aux leurs plutôt qu’en débattant civilement sur le fond, ils ont trahi l’héritage démocrate et humaniste des fondateurs du Parti Québécois.
Plus fondamentalement, en refusant de reconnaître que le Québec a des traditions sociales, politiques et culturelles intimement liés à la présence britannique sur son territoire, ils ont rejeté du revers de la main un pan complet des manières de vivre et d’être de leurs concitoyens. Les institutions politiques, juridiques et administratives de chaque pays façonnent le quotidien des citoyens en définissant les fondements de leurs interactions sociales et des us et coutumes qui les régissent. Contrairement au Québec, la façon d’interagir des Américains repose largement sur les arbitrages des tribunaux : le nombre de poursuites dans le domaine médical et contre des personnalités publiques en fait foi. Ce comportement tient sa source dans l’organisation politique de nos voisins du Sud – George Bush n’a-t-il pas été « élu » par la Cour Suprême lors de son premier mandat?
En affirmant à tout prix que « L’atteinte de l’idéal républicain en sera la préoccupation fondamentale [du Québec souverain] [1]», notamment en favorisant un mode de scrutin et un régime politique qui n’ont aucun lien avec les traditions québécoises, le Parti Québécois renie l’héritage politique qui forge la structure de pensée et la façon d’aborder le quotidien propre aux Québécois. Ce climat de négation de l’héritage anglo-saxon du Québec se traduit également chez les radicaux par une obsession sociale-démocrate surannée et par l’expression d’un ethnocentrisme qui n’a plus rien en commun avec le vécu de la plupart des Québécois.
Contrairement au message véhiculé par les « purs et durs », reconnaître volontiers l’impact qu’on eu les Anglais sur le Québec moderne n’est pas un acte de haute trahison envers l’éventuel pays, ni même de mercenariat; c’est accepter le modèle québécois dans son intégralité. Il est grand temps de mettre un terme au souverainisme adolescent caractérisé par la révolte face au passé et le rejet de la différence. Le mouvement souverainiste doit désormais miser sur une vision de la souveraineté enracinée dans le présent : une souveraineté interculturelle, humaniste et qui sait conjuguer avec « lucidité » impératifs économiques et équité sociale. La souveraineté doit d’abord et avant tout servir les aspirations futures de la population québécoise et non les ressentiments, vieux de 300 ans, d’une frange d’indépendantistes revanchards.
Bref, en tant que chef de file de l’option souverainiste, le prochain chef du Parti Québécois sera confronté très tôt à une croisée des chemins des plus importante. Il devra choisir entre gérer la décroissance ou le retour en force de son parti. S’il veut vraiment recréer la coalition souverainiste de tous horizons qui existait autrefois au sein du PQ, et possiblement remporter les élections, il devra nécessairement se donner comme premier mandat l’élargissement du spectre idéologique péquiste. Que la frange plus militante du PQ exprime ses idées, cela va de soi. Mais qu’elle monopolise les débats, impose une pensée unique et marginalise quiconque ose sortir du cadre dogmatique prescrit : plus jamais!
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17 comments:
Au dernier congrès du PQ, les deux propositions identifiées comme "radicales" (en fait les deux propositions qui ont fait débat dans un congrès qui s'annonçait comme plate à mourrir) étaient l'extension au cégep de la loi 101 et la proposition Parizeau-Laplante pour adopter une constitution provisoire, une citoyenneté québécoise, une cour constitutionnelle et former une Assemblée constituante.
Les deux propositions étaient clairement républicaine dans leur inspiration: la loi 101 au cégep s'inspirait de la politique interculturelle du Québec, en obligeant les Francophones et les Allophones à fréquenter les mêmes institutions. Elle s'opposait au multiculturalisme canadien qui permet la compétition des modèles d'intégration (au profit des institutions de la majorité canadienne-anglaises).
Quant à la proposition Laplante, c'est vrai qu'elle rompait avec la tradition britannique, proposant un système kelsenien plus en ligne avec notre tradition de droit civil. Mais je ne vois pas où est le problème, puisque Trudeau a déjà lui-même rompu avec la tradition britannique en adoptant une constitution et une charte des droits qui vient lourdement limiter l'autorité du Parlement.
Bref, les deux propositions se basaient sur 1) l'interculturalisme par opposition au multiculturalisme (qui n'est pas une ancienne et noble tradition britannique me semble-t-il?); 2) le républicanisme et la tradition constitutionnelle, en ligne avec la rupture déjà opérée par Trudeau! Donc, je ne vois pas pourquoi les "purs et durs" seraient particulièrement anglophobes? Est-ce parce qu'ils critiquent vigoureusement le monarchisme? Si c'est cela être radical...
Finalement, l'idée que la direction du Parti aurait donné trop de place aux "purs et durs" me paraît simplement loufouque. J'étais au congrès de juin le VP contenu du CNJPQ et je peux vous assurer que l'ensemble de l'aile parlementaire (sans oublier plusieurs employés du parti, payés par nos cotisations) ont travaillé à temps plein pour empêcher l'adoption de ces propositions. Aucun stratagème n'a été mis de côté.
La politique de marginalisation des radicaux que vous proposez, elle a commencé sous Bouchard en 1996. Je ne vois pas ce que le Parti peut faire de plus pour rendre la vie impossible aux radicaux que ce qu'il n'a déjà fait.
Peut-être avez-vous des idées ? Des expulsions? Des purges?
En tout cas, quand deux anciens chefs du PQ, Jacques Parizeau et Bernard Landry, cautionnent le contenu du journal des radicaux avec leurs textes approbateurs, et quand les députés du PQ et du Bloc financent ce journal avec de la publicicité, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de complaisance en haut lieu pour ces extrémistes qui discréditent l'option souverainiste par leur haine. Vous pouvez, M.Dubreuil, parler de toutes les manoeuvres de congrès que vous voulez, le fait est que les extrémistes ont un appui matériel et politique des hautes instances du parti. Ça devrait nous amener à nous poser des questions.
Je comprends que ce sont les journaux alternatifs comme L'Aut' Journal ou Le Québécois qui vous inquiètent. Très honnêtement, je trouve que ces journaux vont souvent trop loin, mais à tout prendre, il me semble qu'ils ajoutent de la diversité au paysage médiatique québécois et posent souvent des questions dont on ne parle pas dans les grands médias fédéralistes de droite.
Ces médias donnent une place à des tendances réelles au sein de la société qui sont plus à gauche, plus nationaliste et moins multiculturaliste. Ces tendances sont là pour durer. Le chef qui voudrait s'en débarasser couperait définitivement le PQ de sa base populaire.
De plus, il ne faut pas exagérer l'influence des journaux alternatifs sur nos leaders péquistes. Pour l'instant, les éditorieux insipides et archi-fédéralisant d'André Pratte ont beaucoup d'impact sur l'aile parlementaire du PQ que ceux de Patrick Bourgeois.
Quant à l'idée que ces journaux seraient habités par la "haine", il me semble que le mot "rage" serait plus juste. La différence? La haine concerne "ce qu'est" l'autre, la rage concerne "ce qu'il fait". Il me semble que l'indépendance doit se faire en canalisant les sentiments positifs, mais également le sentiment de rage des Québécois face à l'action du fédéral.
Personnellement, je travaille dans le milieu de la recherche et je suis en "tabar..." de voir que les institutions québécoises de financement de la recherche se voient marginalisées au profit des institutions canadiennes. Je ne vois pas pourquoi un parti natinaliste ne devrait pas tabler sur la conscience que j'ai et qu'ont plusieurs Québécois que le gouvernement fédéral se moque de nous et ne nous écoute pas. Après tout, on fait de la politique, on ne peut pas avoir que des amis.
Bien cordialement,
M. Dubreuil dit:
«Quant à l'idée que ces journaux seraient habités par la "haine", il me semble que le mot "rage" serait plus juste. La différence? La haine concerne "ce qu'est" l'autre, la rage concerne "ce qu'il fait».
Je vous invite à lire le communiqué de Patrick Bourgeois en réponse à la critique d'un de ses livres par le très souverainiste Louis Cornellier dans Le Devoir de samedi. Bourgeois s'en prend bel et bien à l'«autre» comme tel et pas à ce qu'il «fait». Il en est même très fier. Il se dit même «belliciste», ce qui veut dire qu'il est «en guerre». Cornellier a raison de dire que c'est de l'anti-humanisme et qu'on doit s'éloigner comme de la peste de ces tendances-là.
Comme si le PLC devaient purger son parti des monarchiste britaniques anti-Québec... faites vos devoirs svp M Laberge.
M. Dubreuil, voici le communiqué de Bourgeois. Ils l'ont envoyé sur leur liste d'envois par courriel, mais il ne semble pas encore sur leur site.
Communiqué-
Pour diffusion immédiate
Réplique à Louis Cornellier du Devoir :
L'identité québécoise ne peut être exclusivement territoriale !
Lorsque j'ai pris la décision d'écrire le pamphlet We are Québécois when ça nous arrange (Les intouchables, 2005), je savais pertinemment que je m'aventurais sur un terrain fortement miné. Je comprenais d'expérience qu'au Québec, le simple fait de se poser des questions quant à la nature même de l'identité québécoise suscite toujours les passions les plus enflammées, pour ne pas dire « vitrioliques ». Alors, je me doutais bien qu'en remettant en question, comme je le fais dans mon essai, la nature territoriale de l'identité québécoise telle que défendue au Parti Québécois depuis des lustres, je ne pouvais que m'attirer les pires épithètes. Je n'ai donc nullement été surpris par la virulence des propos du chroniqueur littéraire du Devoir, Louis Cornellier, à mon endroit.
Grosso modo, Cornellier m'accuse d'être un xénophobe de la pire espèce, un mauvais Lionel Groulx, bref, un fasciste - n'ayons pas peur des mots - et ce, parce que je soutiens que l'identité québécoise ne s'attribue pas automatiquement dès que l'on établit sa résidence permanente sur le sol québécois. À mes yeux, il est clair que pour être considéré comme Québécois, il faut faire le choix conscient de la québécitude. Et cela implique de travailler au progrès du Québec, et de vivre en français. Si l'on s'y refuse, c'est-à-dire en contribuant d'une façon ou d'une autre au « ratatinage » de la réalité québécoise, en sévissant notamment au niveau politique comme les traîtres que sont les Jean Charest de ce monde, ou en s'assimilant sciemment à la culture du colonialiste canadien pour mieux attirer ses compatriotes à sa suite comme l'ont fait les rejetons Trudeau, l'on ne peut alors pas être considéré comme Québécois. Pas même si l'on habite le territoire du Québec.
Cela me semble couler de source. Prétendre le contraire, c'est refuser d'admettre qu'il y a des Canadiens au Québec qui refuseront toujours, avec beaucoup d'obstination, d'être étiquetés en tant que Québécois. Devrions-nous forcer tous les résidants de Parc-Extension ou de Westmount à faire une profession de foi québécoise ? Pour moi, l'identité relève du mode de vie, et donc de la culture. Je défendrai cette vision bec et ongles, comme je le fais d'ailleurs dans mon essai.
Pour étayer sa thèse à mon égard, Louis Cornellier a recours aux pires pratiques du journalisme. Il extrait de mon propos certains passages qu'il lance tout de go à la face des lecteurs, sans jamais préciser le contexte dans lequel il les a puisés. Lorsque M. Cornellier dit que j'accuse mes sujets d'étude (Jean Charest, Paul Martin, Justin Trudeau, Alain Dubuc et compagnie) d'être des traîtres parce « qu'ils appartiennent à "une nouvelle race de bâtards" issue, par filiation, du "métissage ethnique" et riche en "collabos" à la double identité », l'honnêteté intellectuelle la plus élémentaire lui aurait imposé de présenter, parallèlement à tout le moins, les nuances que j'apporte dans mon livre. Il est vrai que je considère tout individu habitant le Québec et qui se place au service du colonialisme canadien comme un « traître ». Mais il est vrai aussi que je considère que celui-ci peut tout autant être un digne représentant de l'Autre (c'est-à-dire, par exemples, un Vietnamien anglicisé, un Canadien anglais ou un Canadien français tricoté serré et adepte du bilinguisme, ce qui lui contrait de refuser l'idée même de la québécitude), qu'un digne représentant du Nous (c'est-à-dire un Vietnamien francisé, un Mohawk francophone ou un Canadien anglais vivant en français au Québec)[1]. Ce qui revient à dire que ma définition de l'identité québécoise est certes belliciste, mais qu'elle est aussi « inclusiviste ». Important est de dire que je n'ai jamais prétendu que cette identité québécoise s'attribue uniquement à partir de références ethniques ou raciales. On peut être un fier Québécois, peu importe ses origines, du moment où l'on travaille au développement du Québec. Cela, il aurait été fort important que Louis Cornellier le mentionne dans sa chronique, puisque moi, je l'écris clairement dans mon livre.
Du même souffle, je me dois de dire que depuis 10 ans, j'ai pris la décision de m'exprimer le plus honnêtement possible, sans artifices aucun. La langue de bois, je laisse ça aux politiciens et à ceux qui se sont programmés depuis belle lurette pour éviter la confrontation qu'ils jugent stérile. À ce jeu, il est clair que je heurte les susceptibilités de plusieurs. J'en suis conscient. C'est d'ailleurs ce côté provocateur qui m'a amené à dire que le métissage ethnico-culturel était un terreau fertile pour le colonialiste canadien, désireux qu'il est d'embrigader de nouveaux colonisés qui s'évertueront à miner le rayonnement du Québec français. Ce n'est pas parce que ces êtres ont la félonie dans le sang qu'ils se retrouvent plus souvent qu'autrement du même côté de la barricade que le colonialiste canadien. C'est tout simplement parce que le milieu culturel duquel ils sont issus les prédispose pleinement à la traîtrise. Ce n'est pas du racisme, ni de la xénophobie que de le constater ! Ne vous en déplaise, vous, les bien-pensants !
Après avoir exposé dans mon essai de telles constatations, je n'ai en rien dit qu'il fallait militer pour exclure ceux qui vivent à nos côtés et qui nous sont différents parce qu'ils représenteraient autant de menaces à la pérennité du fait français en Amérique. Depuis longtemps, une majorité de Québécois ont compris qu'il faut contraindre à l'imprégnation de la véritable culture du Québec qui ne saurait être que française les nouveaux arrivants qui s'installent ici. Et j'en suis. S'y refuser - je n'en suis pas-, c'est accepter pleinement l'assimilation de tout un peuple en contemplant des immigrants rejoindre le colonialiste canadien qui n'en espérait pas tant.
Tout ça pour dire que le simple fait de vivre au Québec ne transformera jamais des humains en Québécois à part entière. Dans un contexte minoritaire, si nous espérons survivre, nous devrons nous battre pour imposer l'identité québécoise au plus grand nombre d'individus avec qui nous partageons un territoire. Cela ne saurait se faire automatiquement. Notre libération, c'est aussi accepter de prendre conscience qu'on n'y parviendra jamais en évitant de confronter la réalité. Ce que nous faisons lorsque nous prétendons que tout individu habitant le territoire est l'un des nôtres, l'un de nos frères ou soeurs d'armes alors que tel n'est pas automatiquement le cas !
Patrick Bourgeois
Il n'est pas si mal ce communiqué, Bourgeois explique que la distinction qu'il fait entre "Nous" et "l'Autre" est clairement "politique" et non "ethnique" comme le supposait Cornellier.
Ce qui semble vous dérangez, c'est le fait que Bourgeois se considère "en guerre" contre le Canada et qu'il adopte sans complexe une attitude "belliciste".
Pourtant Bourgeois ne sort pas cela de nulle part. On ne peut pas dire qu'il hallucine. Il me semble que Jean Chrétien, Alfonso Gagliano, Jean Pelletier, Bryan Tobin, Sheila Copps ont tous affirmé que le Canada était "en guerre avec les séparatistes".
Ces gens là ne sont pas des "loose canons", mais des politiciens qui ont occupé les plus hautes responsabilités politiques à Ottawa. Ils ont même utilisé des centaines de millions de nos taxes et impôts pour mener cette guerre... alors que Bourgeois mène sa propre "guerre" avec sa plume et à la marge de l'espace médiatique.
Je ne suis pas certain que c'est sur lui que les souverainistes doivent consacrer leurs critiques.
Si les dirigeants de l'État fédéral se disent sans complexe "en guerre contre les séparatistes", il faut s'attendre à ce que certains séparatistes se disent "en guerre contre le Canada". Cela me semble aller de pair.
Bien cordialement,
Benoît Dubreuil
M. Dubreuil,
Je vous suggère de lire leur livre, Voler de ses propres ailes. Vous y trouverez tout ce qu'il faut pour alimenter la haine, la violence, l'intolérance. Il y a même un texte qui parle de créer une belle police secrète politique pour le lendemain de l'indépendance. Concernant les fédéraux, c'est pas parce que ceux que vous mentionnez sont stupides qu'il faut faire comme eux. Ils se sont beaucoup nuit avec des déclarations idiotes du genre, et tout le monde se moque d'eux aujourd'hui. Je pense qu'en politique il faut faire mieux que les adversaires, et qu'il faut aussi être fort pour être démocrate et en garder l'esprit. La rage haineuse est un signe de faiblesse, pas un signe de force. Bourgeois et son groupe, si on les laisse aller, vont avec leurs graines de violence nous préparer un joli Québec totalitaire, et ils trahissent avec leur délire tout ce que les fondateurs du PQ ont voulu construire, soit un Québec démocratique et ouvert. Les gens ont le droit d'avoir leurs idées au Québec, la démocratie existe pour en débattre. Mais quand on sème la haine contre ceux pour la simple raison que leur opinion est différente, on détruit la démocratie. Si j'étais fédéraliste, je répandrais au maximum les écrits de Bourgeois pour discréditer le projet souverainiste.
Cordialement aussi,
Pascal
Je reprends ici un courriel envoyé à Mathieu Laberge concernant son article de samedi.
Mathieu Bock-Côté
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Cher Mathieu,
je t'ai lu aujourd'hui. Tu y es allé un peu fort, non ? Il me semble qu'il faut distinguer l'aile la plus nationaliste du Parti Québécois de son aile national-syndicale. Les deux groupes peuvent travailler ensemble, leurs agendas peuvent se recouper, spécialement sur la question linguistique, n'empêche qu'ils tirent fondamentalement le Parti Québécois dans deux directions très opposées : l'une, nationale, qui réinvesti la dimension identitaire du projet souverainiste, l'autre, qui consent à la dimension identitaire, mais pour la remplir de contenus sociaux et économiques socialisants contraires à une véritable démocratie libérale québécoise.
Tu plaides aussi pour une multiculturalisation de l'option nationale. Mais il me semble que les efforts à faire dans cette direction ont été fait, s'il fallait en faire, par ailleurs, ce qui est loin d'être certain, car les intellectuels souverainistes ont véritablement paniqué, comme si Parizeau avait révélé un vieuyx fond pourri dans le nationalisme québécoise, qu'il faudrait désormais désintoxiquer.
Aujourd'hui, plusieurs le remarquent, et Joseph Facal, qui n'est pas précisément un pur et dur, est l'un d'entre eux, nous avons sacrifé une dimension fondamentale de notre nationalisme en opérant sa modernisation identitaire ; en fait, nous avons dénationalisé l'option souverainiste. Je t'invite à ce fait à lire le texte exceptionnel que Facal a fait paraître dans le livre consacré à Claude Ryan, publié en début 2005.
Ce n'est pas faire preuve de nationalisme "ethnique et chauvin", il me semble, que de s'inquiéter de la trudeauisation du projet souverainiste, et par-là, bien souvent, de l'appartenance québécoise. Il y a une dimension historique qu'il ne faut pas gommer dans le projet souverainiste.
Évidemment, et là, je serais d'accord avec toi, les radicaux ne font pas toujours bien leur travail, ils formulent mal certaines bonnes intuitions qu'ils peuvent avoir sur l'avenir du Parti. Ils comprennent instinctivement que le projet souverainiste est en panne idéologique, qu'il peine à s'inscrire dans la plus vaste histoire des luttes nationalistes pour l'émancipation québécoise, mais ils donnent l'impression de revivre en différé, et quelques fois en temps réel, la guerre de conquête. Disons que ce n'est pas la meilleure façon de se réapproprier l'histoire québécoise. Mais ce qui est certain, c'est qu'il faut s'y réinscrire, et sans nécessairement passer par les poncifs multiculturalistes.
Il me semble que tu aurais avantage à laisser les nationalistes souffler un peu et cibler tes critiques sur ceux qui font mal pour vrai au PQ, ses militants qui louchent idéologiquement vers Françoise David et qui nous ferons déraper plus tôt que tard.
Je demeure sceptique quant à l'analyse. Les libéraux se sont peut-être déshonorés au Québec, mais leur ligne dure sur le Québec leur a permis d'arriver au pouvoir à Ottawa et à s'y maintenir, notamment en tenant un discours belliqueux que poursuivent aujourd'hui les Jean Lapierre et les Stéphane Dion. Ce discours "guerrier" leur permettra sans doute d'être reporté au pouvoir aux prochaines élections et de poursuivre la centralisation et la corruption.
On peut trouver les libéraux stupides, il n'en demeure pas qu'ils ont gagné et que nous avons perdu.
Bonne continuation,
Benoît Dubreuil
M. Dubreuil, il ne faut pas exagérer concernant les libéraux. Je connais bien du monde au Canada anglais, et ils votent surtout libéral parce qu'ils ont peur des conservateurs de Harper et de la droite religieuse qui y joue un rôle trop important. Les sondages confirment aussi ce que j'avance ici. Ces gens n'aimeraient rien de mieux que de pouvoir voter pour un autre parti mais ils se sentent coincés pour cette raison-là, ce qui les empêche de voter NPD dans plusieurs comtés pour faire un vote «utile» afin de barrer la route aux conservateurs. Quant à Dion et Lapierre, je ne les trouve pas belliqueux mais seulement stupides (surtout Lapierre). Les souverainistes ne devraient pas s'en plaindre, car plus ils sont vus, plus ils sont impopulaires. Même chose avec nos enragés: plus ils sont vus, plus ils nous nuisent.
Franchement ! Alors là il ne faut rien comprendre à l'intérêt pour un État-nation qui arrive à maturité de faire son indépendance, c'est-à-dire s'émanciper d'une tutelle.
Les USA ont rompu avec le modèle anglais en 1776 pour créer du neuf.
Le Québec fera son indépendance pour créer une Républqie à son image.
Est-ce que l'islande a fait l'indépendance du Danemark pour reproduire servilement tout le système danois, ou pour développer le sien ?
Le Québec ne va pas extirper l'influence des cultures anglophones qui le marquent parmi d'autres.
Il ne va pas non plus reproduire la France ou la Huronie.
Il va développer un modèle québécois !
Est-ce que le Canada [anglais] fait tout pour copier l'Angleterre ou les USA aujourd,hui, ses parents anglo-saxons, ou essaye de développer sa propre personnalité ?
Vous vous faites de faux complexes et raisonnez en sillogismes!
Charles Courtois
M. Courtois, à ce que je sache, M. Laberge s'en est essentiellement pris aux enragés fanatisés qui ont pris le PQ en otage. Croyez-vous que ces gens-là donnent une image juste de militants en faveur «d'un État-nation qui arrive à maturité»?! Moi j'en doute fort, à voir ces gens jouer les guerilleros de pacotille qui se croient encore dans la bataille de la Conquête ou dans les rébellions de 1837.
M. Laberge a une conception de la souveraineté qui est valable. C'est vrai qu'il n'a pas l'air d'apprécier la conception ethnique de la Nation, et j'ai peur que M. Laberge ait une position hyper-minoritaire au PQ.
Vous vous basez sur quoi pour cette affirmation ? Lebel représente une frange de moins d'1% apparemment.
Boisclair, Marois et Legendre, pour ne nommer que trois "meneurs", ont tous affirmé une volonté claire de courtiser les électorats "minoritaires" et d'ailleurs cela se reflète bien dans leurs entourages respectifs.
La réalité de l'évolution du souverainisme militant n,est pas qu'une frange fermée aux différences domine, au contraire. C'est son rival libéral qui a traité Maka Kotto de "nègre" et la fermeture aux immigrants, que je sache, est très répandue chez des Québécois de souche française et anglaise qui votent libéral ! alors...
Au Bloc, la commission de la citoyenneté va de l'avant.
L'indépendance permettra au Québec d'accueillir ses immigrants en tant que citoyens québécois. Voilà la solution d'avenir.
Ça n'a rien à voir avec une prétendue nécessité de maintenir le système électoral britannique à l'identique. le Québec peut très bien élaborer son propre modèle républicain à l'instar des USA et de la France, comme d'une tradition qui remonte aux Patriotes.
Choisir un modèle républicain n'a rien à voir avec le ressentiment et tout avec la liberté !
Une foule de Canadians, adversaires du souverianisme, sont aussi racistes anti-Québécois et anti-francophones. Est-ce que cela ôte aux Canadians le droit d'avoir un pays ?
Est-ce que cette fausse ampleur que l'on accorde aux franges fermées qui existent dans toutes les démocraties occidentales n'est pas qu'un prétexte pour tenter de discréditer l'auto-détermination du Québec en prétendant que les Québécois en sont pas assez démocrates pour la mériter ?
Car la réalité c'est que le fédéralisme actuel fait tout pour moussser la division des Québécois sur une base ethnique.
L'indépendance est la clé qui permet d'échapper à L,ethnicisme dans lequel on cherche à enfermer l,identité québécoise - candienne française dit Ottawa, sur une base ethnique justement.
Le simple fait que vous employez le terme «Canadians» en anglais pour faire plus péjoratif démontre un mépris pour les francophones hors-Québec, soit dit en passant, et démontre aussi une conception ethniciste de la question nationale. Je souligne également que l'aile extrémiste et enragée a l'appui tacite de la direction du PQ et du Bloc.
Sur les racistes parmi nos adversaires fédéralistes, j'en conviens, ils en ont quelques-uns, tout comme nous. Mais ils ne sont pas plus ni moins racistes ou xénophobes que nous. Je voudrais bien qu'on arrive à sortir de nos attitudes qui prétendent au monopole de la vertu. Enfin, quant on parle du «Québec», je pense que ce serait mieux si on parlait plus des gens qui vivent ici, de leurs réalités et de leurs besoins de tous ordres. Le Québec, c'est des gens en chair et en os, et il vaudrait mieux que notre option politique leur soit consacrée au lieu de parler du «Québec» de manière presque mystique... Par exemple, parler d'autodétermination du Québec est bien beau, mais il nous reste à prouver que ce n'est pas une manière d'accroître encore plus le pouvoir des bureaucrates qui contrôlent l'État québécois.
Intéressante discussion. J'aimerais cependant que M. Mireault précise pourquoi le terme "Canadian" démontre un mépris pour les Francophones hors-Quebec, alors que les Anglos-Canadiens (surtout lorsqu'ils sont progressistes et de gauche) aiment utiliser le terme "Québec" ou "Québécois" (lorsqu'ils écrivent en anglais). Ce n'est pas pour eux un manque de respect pour les Anglos-Québécois, mais plutôt une manière de reconnaître l'existence du français comme langue publique au Québec.
Je crois que l'utilisation du terme "Canadian", si elle contient un aspect polémique, ne démontre pas une conception "ethnique" de la question nationale. Elle peut simplement signifier que la langue anglaise tend à s'imposer comme langue publique et comme langue de travail dans les institutions centrales et ce, au mépris de l'équilibre qui serait nécessaire à une bonne entente entre le Québec et le reste du Canada. Suis-je dans le champ?
Je ne crois pas que ce soit de "l'ethnicisme" que de dénoncer l'attraction exagérée qu'occupe l'anglais dans les institutions canadiennes. Je ne vois pas ce qu'il y a d'immoral à ironiser sur ce fait en utilisant le terme "Canadian".
Au plaisir
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