Plusieurs réponses me trottent en tête quand je lis les critiques, positives comme négatives, à mon dernier texte sur les caribous péquistes...
Je crois que plusieurs, dont mon ami Mathieu Bock-Côté, ont mal compris l'objectif du texte, son idée fondamentale. Parler comme Mathieu, ou encore comme ce Monsieur Dubreuil, de "purge" ou de "clouer le bec" aux purs et durs relève soit de la mauvaise foi, soit de l'erreur de lecture. L'appel que je faisais au prochain chef du PQ (maintenant, que nous le savons, à André Boisclair) était de les remettre à leur place... pas à les excommunier ou à entâmer une chasse aux sorcières! N'ai-je pas justement écrit (je ne cite pas littéralement, mais en essence): "que les radicaux du PQ expriment leur opinion, cela va de soi. Mais qu'il imposent leurs pensée, marginalise ceux qui s'y opposent et osent sortir du cadre dogmatique établi, plus jamais!" C'étaient les deux dernières phrases de mon texte!
Je leur reconnaît certes une légitimité, celle qui revient à leur représentativité au sein du PQ. La dernière course à la chefferie est éloquente à cet égard! Premièrement, les quatre candidats les plus radicaux qui ont terminé la courses, associés plus de près que de loin à nos chers caribous, ont recueilli conjointement moin de 5% du vote! Leur élément le plus populaire, le candidat Dubuc, a obtenu à peine 1.4% des suffrages! Est-il normal, alors, que les pensées de ces éléments radicaux occupent l'espace médiatique à ce point? N'est-ce pas prendre le PQ en otage que de crier jusqu'à ce que le commun des mortels pensent que le point de vu des radicaux est le point de vu largement répandu au PQ? Moins de 5% des votes: collectivement, ils ne passaient pas au second tour... pensez-y!
Finalement, on me reproche d'utiliser des mots durs, d'y aller fort. C'est vrai! Mais chacun des mots de ma chronique a été soigneusement choisi pour refléter ma pensée. Je n'en retire aucun. Si je reconnais le droit aux purs et durs de s'exprimer et de faire valoir leur point de vue, j'aimerais bien qu'ils fassent de même!
Je vous conseille par ailleurs de visiter ces quelques sites qui abordent, soit un sujte connexe à ma chronique, soit la chronique elle-même:
Spécialement pour ceux qui croient que je souhaite une purge (ce qui est faux! n'est-ce pas Mathieu ;) ) Il s'agit d'un texte du Devoir qui parles de la course. Portez une attention particulière aux propos de l'ancien président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO), M. Seymour, qui tient essentiellement le même propos que moi.
La réponse des éditions du Québécois. Pas grand chose à redire: la tactique habituelle... on attaque le messager à grands coups de réthorique. Semblerait-il que je serais un adolescent politique pour avoir osé remettre en question leur vérité dogmatique. En passant, Messieurs du Québécois, il est grand temps de réapprendre à lire: ce n'est pas La Presse qui vous traite d'ethnocentristes, c'est Mathieu Laberge ;)
Le forum de discussion des Cowboys Fringants. Un baume dans un monde d'idiotie! Allez lire les commentaires sur la chronique, ça rassure sur l'avenir!
Quelques commentaires plus spécifiques aux débat du blog:
"Ces médias donnent une place à des tendances réelles au sein de la société qui sont plus à gauche, plus nationaliste et moins multiculturaliste. Ces tendances sont là pour durer. Le chef qui voudrait s'en débarasser couperait définitivement le PQ de sa base populaire."
Allez relire le paragraphe sur le score des candidats radicaux dans la course à la chefferie et relisez votre commentaire... Aucun autre commentaire de ma part!
"Quant à l'idée que ces journaux seraient habités par la "haine", il me semble que le mot "rage" serait plus juste. La différence? La haine concerne "ce qu'est" l'autre, la rage concerne "ce qu'il fait". "
Dans le livre des éditions le Québécois auquel je faisais référence, Pierre Falardeau parlais de défaire le cadavre de Ryan (Claude) à la chainsaw... Il ne parlais pas de ce qu'il faisait. Au récent congrès du BQ, Yvan Loubier aurait (remarquer le conditionnel, c'est un fait rapporté; je n'y était pas moi-même) prétendu que la souveraineté nous permettrait de nous débarraser des Dion, Pettigrew, etc... Jamais ces deux illustres penseurs (sic) de la société québécois n'ont mentionné ce que leurs ennemis ont fait... Je continuerai donc à parler de haine et non de rage, désolé pour le rejet de votre proposition!
"J'aimerais cependant que M. Mireault précise pourquoi le terme "Canadian" démontre un mépris pour les Francophones hors-Quebec, alors que les Anglos-Canadiens (surtout lorsqu'ils sont progressistes et de gauche) aiment utiliser le terme "Québec" ou "Québécois" (lorsqu'ils écrivent en anglais)."
Ça m'enrage quand les canadiens anglais nous appellent quebecers... alors que les britanniques n'ont aucun mal à prononcer Québécois! Est-ce pour cela que je vais les appeler "canadians"? Pas du tout! Ma mère m'a toujours dit de pas faire subir aux autres un sort que je ne voudrais pas subir... Je crois que ça a toujours du bon sens!
"Sur les racistes parmi nos adversaires fédéralistes, j'en conviens, ils en ont quelques-uns, tout comme nous. Mais ils ne sont pas plus ni moins racistes ou xénophobes que nous. Je voudrais bien qu'on arrive à sortir de nos attitudes qui prétendent au monopole de la vertu."
Bien vu! Tout à fait d'accord!!
"Croyez-vous que ces gens-là donnent une image juste de militants en faveur «d'un État-nation qui arrive à maturité»?! Moi j'en doute fort, à voir ces gens jouer les guerilleros de pacotille qui se croient encore dans la bataille de la Conquête ou dans les rébellions de 1837. "
Encore une fois, je partage votre point de vue... d'où le titre de l'article!
4 comments:
M. Laberge: vous répondez avec brio au crétinisme vociféré avec fierté par le journal Le Québécois. Plus ce journal sera entendu, plus les souverainistes vont passer pour des idiots exhaltés. Il est temps que ça cesse.
M. Mireault,
merci beaucoup du commentaire positif. Par ailleurs, je m'excuse à tous les visiteurs du blogue de ne pas avoir répondu à tous leurs commentaires relatifs au dernier sujet: j'ai préféré laisser aller le débat et donner mes impressions une fois celui-ci plus calme et une fois le chef du PQ élu!
Une mise en garde, toutefois. Bien entendu, je n'aime pas les commentaires des éditions du Québécois en général, comme en ce qui me concerne plus personnellement. Par contre, je n'irais pas jusqu'à utiliser le mot crétinisme... je crois que les fondements d'un débat saint est le respect mutuel. Un peu comme la question quebecers/canadians, je ne fait jamais à autrui ce que je ne voudrais qu'on me fasse... Bref, attention à l'inflation verbale!
Continuez de me faire part de vos commentaires, je les lis tous avec beaucoup d'attention.
Sincèrement,
M LABERGE
Cher Mathieu,
peut-être est-ce que je me trompe, mais tu n'as pas trop tenu compte des arguments que j'avançais sur ton blogue sur les effets dangereux d'une dénationalisation du discours souverainiste, qui vient souvent avec la marginalisation de l'aile la plus militante du mouvement. Évidemment, tu n'avais pas à le faire absolument. Mais je persiste à croire que les arguments que j'ai avancé, et auxquels tu n'as pas cru nécessaire de répondre, révèlent un certain angle mort de ta réflexion sur l'option souverainiste. Je me permets donc de les pousser davantage, en les prolongeant d'une petite réflexion sur la course qui s'est terminée.
Premier point : la question du nationalisme dans l'option souverainiste. Idéalement, la dimension nationaliste appartiendrait à tout le monde, ce qui était la réalité pendant bien longtemps. Bouchard était un vrai nationaliste québécois, Parizeau l'était évidemment. Ils mobilisent des arguments nationaux, identitaires, culturels, pour marquer la différence québécoise. Les souverainistes, évidemment posent cette différence dans une lutte pour l'indépendance du pays. Et les nationalistes de conviction, ceux qu'on appelle les purs et durs, bien qu'ils l'expriment maladroitement, me semble-t-il, sont désormais les gardiens de la dimension identitaire du projet national, passablement désertée par la direction idéologique du mouvement, qui se complait dans un cosmopolitisme facile, avec sa fabrication à la chaine de citoyens du monde désincarnés, souvent déracinés. Évidemment, il y a débordements, maladresses, chez les nationalistes durs. Parfois une certaine démesure dans la représentation de la lutte. Mais néanmoins, il y a aussi chez les "nationalistes de conviction" cette idée centrale que la souveraineté, plus qu'une option sur deux, a une dimension existentielle pour le peuple québécois. Il me semble que cette idée n'est pas complètement sotte. Qu'il y a moyen, avec raison, je crois, de dramatiser la question nationale pour ne plus la réduire à une simple question de préférence idéologique délestée de tout ce qui pourrait faire mal paraître les souverainistes dans les 5 à 7 de la rue Saint-Laurent.
Il y a me semble-t-il ces années-ci un appel populaire pour un nationalisme réinvesti de sa dimension historique. Exemple parmi d'autres, la réadaptation des grands classiques de la tradition canadienne-française dans le cinéma québécois rennaissant. Il faut en finir avec l'errance identitaire et un certain déracinement qui nous incite à renier les arguments les plus fondamentaux qui nous font militer pour préserver encore ici une petite nation française en Amérique. Il serait possible d'ajouter d'autres exemples, tirés de nos débats intellectuels nationaux, où la référence nationale, même nationaliste, s'impose de nouveau comme incontournable, après une décennie de dérapage civique et multiculturel.
Deuxième point. Pour la course, pas certain que le vote nationaliste dur, ou "pur et dur", se soit canalisé vers les candidatures marginales. Je me considère moi même comme un "radical" de l'indépendance. Or, comme plusieurs, j'ai voté Marois. Les "radicaux" ne sont pas tous des idiots.Ils peuvent voter stratégiquement. Ils craignaient pour plusieurs l'arrivée de Boisclair à la direction du mouvement, ils ont voté par conséquent pour celle la plus susceptible de lui bloquer la route. Les candidatures radicales étaient là pour témoigner d'un certain discours qui existe dans notre parti pendant la course, mais croire que leur vote réflète leur appui réel dans le mouvement souverainiste, c'est faire erreur, j'en suis certain. Il y a dans notre parti des tendances réelles, qui expriment certains segments de l'opinion, q'il faudrait se garder de tenir pour insignifiantes parce qu'ils ont justemment fait le choix d'un vote stratégique centré sur une candidate ouverte à leur apport.
Tu dis que tu n'en appelles pas à la purge. Soit. Mais tu laisses entendre que les militants "radicaux" doivent être refoulés aux marges idéologiques du Parti. Je ne crois pas me tromper en disant qu'ils y sont déjà. Depuis le Congrès de 1996, qui démonisait les militants du nationalisme linguistique, au rejet des deux peuples fondateurs par Duceppe et le Bloc Québécois, au bannissement d'Yves Michaud en 2000 par l'Assemblée nationale, il me semble qu'on a multiplié les attaques contre les purs et durs. Je vois mal ce qu'on pourrait faire de plus ? Au dernier Congrès, en juin 2005, les opposants au Cégep français ont qualifié leurs adversaires de nationalistes intolérants, même de racistes. Peut-être est-ce la prochaine étape, l'éradication des radicaux. Je conçois bien qu'on puisse s'opposer aux cégeps français, mais de là à traiter de racistes ceux qui sont favorables à la mesure, il y a me semble-t-il une démesure idéologique qui n'est pas à mettre sur le dos des "radicaux".
Ne faut-il pas s'inspirer du meilleur des radicaux en s'appropriant de nouveau le nationalisme historique dont ils sont dépositaires, tout en le reformulant dans un cadre plus élargi. L'apport des radicaux : un souverainisme décomplexé, délivré de sa peur de faire peur, de ne pas plaire aux intellectuels post-modernes qui veulent à tout prix nous culpabiliser en dénationalisant notre représentation du Québec. Leur défaut : une mauvaise formulation de toutes ces vérités essentielles.
Il me semble que les militants les plus éclairés du Parti Québécois devraient savoir faire le tri sans accuser les radicaux de terrorisme intellectuel ou de nationalisme ethnocentrique. Il y a pire que l'ethnocentrisme national, je dirais, par ailleurs : il y a celui des élites post-modernes et dénationalisées qui se croient à l'avant-garde du genre humain et qui regardent de haut le nationalisme lorsqu'il est populaire et l'appartenance culturelle lorsqu'elle ne se donne pas immédiatement comme cosmopolite.
Fin de l'épître !
Mathieu Bock-Côté
Cher Mathieu,
peut-être est-ce que je me trompe, mais tu n'as pas trop tenu compte des arguments que j'avançais sur ton blogue sur les effets dangereux d'une dénationalisation du discours souverainiste, qui vient souvent avec la marginalisation de l'aile la plus militante du mouvement. Évidemment, tu n'avais pas à le faire absolument. Mais je persiste à croire que les arguments que j'ai avancé, et auxquels tu n'as pas cru nécessaire de répondre, révèlent un certain angle mort de ta réflexion sur l'option souverainiste. Je me permets donc de les pousser davantage, en les prolongeant d'une petite réflexion sur la course qui s'est terminée.
Premier point : la question du nationalisme dans l'option souverainiste. Idéalement, la dimension nationaliste appartiendrait à tout le monde, ce qui était la réalité pendant bien longtemps. Bouchard était un vrai nationaliste québécois, Parizeau l'était évidemment. Ils mobilisent des arguments nationaux, identitaires, culturels, pour marquer la différence québécoise. Les souverainistes, évidemment posent cette différence dans une lutte pour l'indépendance du pays. Et les nationalistes de conviction, ceux qu'on appelle les purs et durs, bien qu'ils l'expriment maladroitement, me semble-t-il, sont désormais les gardiens de la dimension identitaire du projet national, passablement désertée par la direction idéologique du mouvement, qui se complait dans un cosmopolitisme facile, avec sa fabrication à la chaine de citoyens du monde désincarnés, souvent déracinés. Évidemment, il y a débordements, maladresses, chez les nationalistes durs. Parfois une certaine démesure dans la représentation de la lutte. Mais néanmoins, il y a aussi chez les "nationalistes de conviction" cette idée centrale que la souveraineté, plus qu'une option sur deux, a une dimension existentielle pour le peuple québécois. Il me semble que cette idée n'est pas complètement sotte. Qu'il y a moyen, avec raison, je crois, de dramatiser la question nationale pour ne plus la réduire à une simple question de préférence idéologique délestée de tout ce qui pourrait faire mal paraître les souverainistes dans les 5 à 7 de la rue Saint-Laurent.
Il y a me semble-t-il ces années-ci un appel populaire pour un nationalisme réinvesti de sa dimension historique. Exemple parmi d'autres, la réadaptation des grands classiques de la tradition canadienne-française dans le cinéma québécois rennaissant. Il faut en finir avec l'errance identitaire et un certain déracinement qui nous incite à renier les arguments les plus fondamentaux qui nous font militer pour préserver encore ici une petite nation française en Amérique. Il serait possible d'ajouter d'autres exemples, tirés de nos débats intellectuels nationaux, où la référence nationale, même nationaliste, s'impose de nouveau comme incontournable, après une décennie de dérapage civique et multiculturel.
Deuxième point. Pour la course, pas certain que le vote nationaliste dur, ou "pur et dur", se soit canalisé vers les candidatures marginales. Je me considère moi même comme un "radical" de l'indépendance. Or, comme plusieurs, j'ai voté Marois. Les "radicaux" ne sont pas tous des idiots.Ils peuvent voter stratégiquement. Ils craignaient pour plusieurs l'arrivée de Boisclair à la direction du mouvement, ils ont voté par conséquent pour celle la plus susceptible de lui bloquer la route. Les candidatures radicales étaient là pour témoigner d'un certain discours qui existe dans notre parti pendant la course, mais croire que leur vote réflète leur appui réel dans le mouvement souverainiste, c'est faire erreur, j'en suis certain. Il y a dans notre parti des tendances réelles, qui expriment certains segments de l'opinion, q'il faudrait se garder de tenir pour insignifiantes parce qu'ils ont justemment fait le choix d'un vote stratégique centré sur une candidate ouverte à leur apport.
Tu dis que tu n'en appelles pas à la purge. Soit. Mais tu laisses entendre que les militants "radicaux" doivent être refoulés aux marges idéologiques du Parti. Je ne crois pas me tromper en disant qu'ils y sont déjà. Depuis le Congrès de 1996, qui démonisait les militants du nationalisme linguistique, au rejet des deux peuples fondateurs par Duceppe et le Bloc Québécois, au bannissement d'Yves Michaud en 2000 par l'Assemblée nationale, il me semble qu'on a multiplié les attaques contre les purs et durs. Je vois mal ce qu'on pourrait faire de plus ? Au dernier Congrès, en juin 2005, les opposants au Cégep français ont qualifié leurs adversaires de nationalistes intolérants, même de racistes. Peut-être est-ce la prochaine étape, l'éradication des radicaux. Je conçois bien qu'on puisse s'opposer aux cégeps français, mais de là à traiter de racistes ceux qui sont favorables à la mesure, il y a me semble-t-il une démesure idéologique qui n'est pas à mettre sur le dos des "radicaux".
Ne faut-il pas s'inspirer du meilleur des radicaux en s'appropriant de nouveau le nationalisme historique dont ils sont dépositaires, tout en le reformulant dans un cadre plus élargi. L'apport des radicaux : un souverainisme décomplexé, délivré de sa peur de faire peur, de ne pas plaire aux intellectuels post-modernes qui veulent à tout prix nous culpabiliser en dénationalisant notre représentation du Québec. Leur défaut : une mauvaise formulation de toutes ces vérités essentielles.
Il me semble que les militants les plus éclairés du Parti Québécois devraient savoir faire le tri sans accuser les radicaux de terrorisme intellectuel ou de nationalisme ethnocentrique. Il y a pire que l'ethnocentrisme national, je dirais, par ailleurs : il y a celui des élites post-modernes et dénationalisées qui se croient à l'avant-garde du genre humain et qui regardent de haut le nationalisme lorsqu'il est populaire et l'appartenance culturelle lorsqu'elle ne se donne pas immédiatement comme cosmopolite.
Fin de l'épître !
Mathieu Bock-Côté
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