Voici une transcription d'un texte que j'ai publié ce matin dans La Presse Here is a transcript, in french, of an article I published this morning in a Quebec's newspaper:
Le flegme ébranlé
Deux semaines jour pour jour après les attentats qui ont fait 56 victimes dans le réseau de transport public londonien, une nouvelle vague de terreur frappait la capitale britannique. L’identité des protagonistes, issus de la même cellule que le commando précédent ou non, importe peu. De fait, les agressions d’hier contribuent à la cause des terroristes et servent leurs intérêts, qu’il s’agisse d’explosion manquées ou de simulacre d’attentats. Force est de constater que la guerre des nerfs a bel et bien rejoint le continent européen et que les victimes ne se compteront plus seulement en termes de blessés.
On est encore loin des réactions de stupeur et d’angoisse qui avaient ponctué les suites du 11 septembre 2001. Néanmoins, et contrairement aux attentats d’il y a deux semaines, certains signes laissent transparaître une nervosité grandissante dans la population et au sein des autorités britanniques. Des policiers armés, fait rarissime au Royaume-Uni, on investi un hôpital où on soupçonnait un fugitif de s’être réfugié. Une arrestation intervenue devant le 10 Downing Street, la résidence officielle du Premier Ministre a été hautement médiatisée en direct. Dans les témoignages publiés sur le sites web d’un grand quotidien, la cohésion et l’entraide du 7 juillet faisaient maintenant place à l’anxiété, aux cris et à un désordre plus important qu’auparavant. Dans les régions anglaises, le sujet était sur toutes les lèvres, tellement qu’on aurait cru qu’une gifle venait de ramener les britanniques à la réalité à laquelle ils seraient désormais confrontés. L’exemple le plus criant des craintes des autorités aura été l’insistance de Tony Blair et du chef de Scotland Yard, Sir Ian Blair, sur la nécessité de rester calme et de vaquer à ses occupations quotidiennes.
Les événements d’hier ont démontré hors de tout doute à la population britannique que les terroristes pouvaient désormais frapper à tout instant, que son tour n’était pas passé. Les auteurs de ces actes ont même ajouté l’insulte à l’injure en reproduisant presque parfaitement les attentats du 7 juillet, question de prouver que malgré les mesures de sécurité supplémentaires et l’efficacité des services de renseignement, ils étaient plus présents que jamais. De façon plus importante encore, ils ont montré à l’élite politique anglaise que les groupes terroristes n’avaient désormais plus besoin de tuer pour semer l’émoi et la terreur. Alors que la mémoire des attaques du 7 juillet était encore fraîche à l’esprit des londoniens, ces leçons risquent de laisser des blessures longues à cicatriser.
Bref, c’est une guerre d’usure sur fond de désunion qui s’entame. Et à constater la réaction des Georges Galloway de ce monde, cet ancien député du Parti Travailliste qui s’est fait réélire en tant qu’indépendant en exploitant la dissension sur la guerre en Irak et qui a tôt fait de faire porter le blâme des récents attentats par Tony Blair, les terroristes partent avec une longueur d’avance. Car c’est bien que ce les extrémistes ont toujours cherché à faire : profiter de la moindre opportunité pour semer la discorde et désorganiser l’ennemi, les sociétés occidentales. Le motif réel importe peu, seule la fin justifie les moyens; avant la guerre en Irak, il y a eu la Palestine, puis la décolonisation, puis…
Une brèche a donc été créée dans le fameux flegme britannique. Reste à voir si les insulaires sauront la colmater et refaire l’unité dans leurs rangs assez tôt pour éviter une avancée plus importante de l’influence que les terroristes auront sur leur société. Si les attaques répétées réussissent à déstabiliser le peuple britannique, ce pourrait être le début d’un mouvement de repli sur soit qui s’étendrait éventuellement aux autres démocraties occidentales. Et alors, les terroristes auront gagné : il faudra ajouter les citoyens oppressés par la crainte d’un attentat à venir au nombre croissant des victimes.
Le flegme ébranlé
Deux semaines jour pour jour après les attentats qui ont fait 56 victimes dans le réseau de transport public londonien, une nouvelle vague de terreur frappait la capitale britannique. L’identité des protagonistes, issus de la même cellule que le commando précédent ou non, importe peu. De fait, les agressions d’hier contribuent à la cause des terroristes et servent leurs intérêts, qu’il s’agisse d’explosion manquées ou de simulacre d’attentats. Force est de constater que la guerre des nerfs a bel et bien rejoint le continent européen et que les victimes ne se compteront plus seulement en termes de blessés.
On est encore loin des réactions de stupeur et d’angoisse qui avaient ponctué les suites du 11 septembre 2001. Néanmoins, et contrairement aux attentats d’il y a deux semaines, certains signes laissent transparaître une nervosité grandissante dans la population et au sein des autorités britanniques. Des policiers armés, fait rarissime au Royaume-Uni, on investi un hôpital où on soupçonnait un fugitif de s’être réfugié. Une arrestation intervenue devant le 10 Downing Street, la résidence officielle du Premier Ministre a été hautement médiatisée en direct. Dans les témoignages publiés sur le sites web d’un grand quotidien, la cohésion et l’entraide du 7 juillet faisaient maintenant place à l’anxiété, aux cris et à un désordre plus important qu’auparavant. Dans les régions anglaises, le sujet était sur toutes les lèvres, tellement qu’on aurait cru qu’une gifle venait de ramener les britanniques à la réalité à laquelle ils seraient désormais confrontés. L’exemple le plus criant des craintes des autorités aura été l’insistance de Tony Blair et du chef de Scotland Yard, Sir Ian Blair, sur la nécessité de rester calme et de vaquer à ses occupations quotidiennes.
Les événements d’hier ont démontré hors de tout doute à la population britannique que les terroristes pouvaient désormais frapper à tout instant, que son tour n’était pas passé. Les auteurs de ces actes ont même ajouté l’insulte à l’injure en reproduisant presque parfaitement les attentats du 7 juillet, question de prouver que malgré les mesures de sécurité supplémentaires et l’efficacité des services de renseignement, ils étaient plus présents que jamais. De façon plus importante encore, ils ont montré à l’élite politique anglaise que les groupes terroristes n’avaient désormais plus besoin de tuer pour semer l’émoi et la terreur. Alors que la mémoire des attaques du 7 juillet était encore fraîche à l’esprit des londoniens, ces leçons risquent de laisser des blessures longues à cicatriser.
Bref, c’est une guerre d’usure sur fond de désunion qui s’entame. Et à constater la réaction des Georges Galloway de ce monde, cet ancien député du Parti Travailliste qui s’est fait réélire en tant qu’indépendant en exploitant la dissension sur la guerre en Irak et qui a tôt fait de faire porter le blâme des récents attentats par Tony Blair, les terroristes partent avec une longueur d’avance. Car c’est bien que ce les extrémistes ont toujours cherché à faire : profiter de la moindre opportunité pour semer la discorde et désorganiser l’ennemi, les sociétés occidentales. Le motif réel importe peu, seule la fin justifie les moyens; avant la guerre en Irak, il y a eu la Palestine, puis la décolonisation, puis…
Une brèche a donc été créée dans le fameux flegme britannique. Reste à voir si les insulaires sauront la colmater et refaire l’unité dans leurs rangs assez tôt pour éviter une avancée plus importante de l’influence que les terroristes auront sur leur société. Si les attaques répétées réussissent à déstabiliser le peuple britannique, ce pourrait être le début d’un mouvement de repli sur soit qui s’étendrait éventuellement aux autres démocraties occidentales. Et alors, les terroristes auront gagné : il faudra ajouter les citoyens oppressés par la crainte d’un attentat à venir au nombre croissant des victimes.
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