Friday, July 08, 2005

TERRORISM À LONDRES | TERRORISM IN LONDON

Le 7 juillet, hier, 4 bombes ont explosé dans le coeur économique de Londres. Les attaques ont particulièrement visé les stations de métro et un autobus "à deux étages". Heureusement, j'étais à l'abri à Nottingham et Karo était en sécurité chez elle. Voici un texte que j'ai publié le 9 juillet dans La Presse et qui relate ma compréhension de la réaction des britanniques à l'événement:


Flegme et Résilience

Jamais une ville n’aura changé d’humeur en un aussi court lapse de temps. En moins de 24 heures, Londres est passée de l’euphorie de la victoire des Jeux Olympiques de 2012 à la stupéfaction face à la perpétration d’un nouvel attentat terroriste dirigé par Al-Qaeda. Si le « United we stand » de Georges Bush a été le cri de ralliement des Américains à la suite du 11 septembre 2001, la réaction des Britanniques à cette nouvelle attaque s’est plutôt apparentée au « Flegme et à la Résilience » salués par Tony Blair lors de son passage à Londres. Deux expressions qui caractérisent la différence des réactions de deux pays face à des attaques terroristes semblables.



Indignés, mais résolus à ne pas laisser la chance aux terroristes de créer un nouveau 11 septembre, les Britanniques ont donc fait honneur à leur réputation de flegme et de détermination. Cette nouvelle agression a laissé peu de place aux épanchements publics et aux appels à la vengeance comme ceux qui avaient eu lieux après la chute des tours jumelles du World Trade Center. Dans le quartier populaire de Whitechapel, à moins de cinq minutes d’un des sites d’explosion, les résidents se sont réunis au pub du coin pour discuter de l’événement. Peu de signes trahissaient l'angoisse ambiante, si ce n’est que les groupes de clients échangeaient moins entre eux qu’à l’habitude. La seule indication laissant transparaître le désarroi des Londoniens était l’engorgement des lignes téléphoniques rapporté dans plusieurs médias.



Hors de Londres, outre une présence policière plus visible qu’à la normale et les nouvelles locales qui rappelaient la fermeture des liens ferroviaires vers la capitale, peu d’indices témoignaient de la gravité des événements qui venaient de se dérouler. Le quotidien semblait difficilement troublé, bien que le sujet était sur toutes les lèvres. Rien à voir, donc, avec l’anxiété qui avait aussi gagné les grandes villes canadiennes en 2001.



Étonnamment, sur les forums de discussion des grands médias anglais, les messages les plus modérés étaient envoyés par les Londoniens eux-mêmes. Rappelant que Londres avait été victime d’attentats aux explosifs à plusieurs reprises dans le passé, ils semblaient plus que jamais déterminés à reprendre leur routine quotidienne dès le lendemain matin. Les journalistes n’ont pas succombé à la tentation du sensationnalisme et de la spéculation, refusant même obstinément de faire référence au 11 septembre au cours des premières heures de couverture médiatique. Bref, ce drame a été vécu de façon typiquement anglaise, à l’ancienne mode : avec dignité et sobriété.



Le chef de la police métropolitaine de Londres, Sir Ian Blair, avait énoncé le souhait que le retour à la paix ne soit qu’une question d’heure. Il a manifestement été entendu; le jour même, des équipes de policiers traquaient les suspects potentiels. En fin de soirée, jeudi, il était clair que les services ferroviaires et d’autobus seraient rétablis entièrement et que le métro serait fonctionnel en grande partie dès le lendemain. Vendredi matin, plusieurs écoles demeuraient fermées, mais il était évident que dès lundi la vie aurait repris un cours à peu près normal.



À n’en pas douter, la meilleure incarnation de cette réaction toute en nuance aura été Tony Blair. Choqué et ému, mais jamais déstabilisé par les événements, le premier ministre n’aura séjourné que quelques heures dans la capitale, le temps d’un aller-retour, avant de retourner vaquer à ses occupations en Écosse avec les autres dirigeants du G8. Une façon, en quelques sortes, de couper l’herbe sous le pied des terroristes et de bien leur faire comprendre que les Britanniques refusent d’être marqués au fer rouge par la peur et par la terreur.

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